L’écrivain franco-congolais Alain Mabanckou, né à Pointe-Noire (République du Congo) et vivant à Los Angeles, revient pour « 20 Minutes » sur son dernier livre, la place des Noirs en France, la littérature africaine et Nadine Morano…
Vous habitez à Los Angeles, où vous enseignez la littérature francophone. Quel regard portez-vous sur la France ?
Le fait d’habiter aux Etats-Unis donne une vision très multiculturelle des relations humaines. Quand on voit qu’aujourd’hui en France, qui était l’asile des Noirs américains dans les années 1920 et 1930 fuyant la ségrégation raciale, des femmes politiques expriment une théorie de l’époque de Hegel. Ce que dit Nadine Morano est dans la ligne droite de ce qu’avait dit Sarkozy sur l’homme africain « pas assez entré dans l’histoire ». Voir une femme qui a occupé des fonctions ministérielles enfreindre l’article un de la Constitution française… (Il s’interrompt) Il faut sanctionner. Cette femme devrait être inéligible.
Le « discours de Dakar » de Sarkozy vous reste encore en travers de la gorge ?
C’est un recul. Regardez aujourd’hui qui sont les ambassadeurs de la culture française, la fameuse culture « judéo-chrétienne et blanche », c’est nous les autres, les basanés, les « nègres » !
Edouard Glissant [décédé en 2011], Maryse Condé, Patrick Chamoiseau… Et à l’Académie française, voyez Amin Maalouf, Dany Laferrière… La République française a aussi eu des dirigeants noirs : Monnerville, Senghor, Houphouët-Boigny…