Les inscriptions sur les listes électorales pour les régionales sont closes depuis ce mercredi. Mais ces gaillards-là n’avaient de toute façon aucune intention de se rendre aux urnes en décembre, politisés au sens large jusqu’à la couleur de leurs lacets, mais profondément hostiles aux partis et aux hommes qui les incarnent.
On les a souvent aperçus en première ligne, sourcils froncés et poing levé, crier leur rage ou manifester leur soutien. À Bruay, suite à la mort tragique d’un ami, ou à Arras, sur leur « terrain de lutte », lors de la visite de Marine Le Pen à l’Atria ou face aux acrobaties d’une poignée d’identitaires sur le toit de la gare. Ce sont de jeunes hommes, pas tous majeurs, facilement repérables à leur look assumé. Ils sont antifascistes, anarchistes ou communistes. Si l’étiquette diffère, un point commun subsiste : la « politique politicienne » les « dégoûte ».
En première ligne pour manifester leur haine du Front national lors de la visite de Marine Le Pen à Arras ou plus discrets, Alexandre, Loris, Corentin et les autres expriment un profond rejet de la «politique politicienne».
[…]« Voter est une démarche personnelle qui engage une idée. Si on se retrouve quelque part, tant mieux. Moi, rien ne me correspond. » Ni « la peste », ni « le choléra ». « La politique ? C’est un panier de crabes. Ou un sac de rats qui se bouffent la queue comme des abrutis. » C’est finalement toute la subtilité de la plupart de ces jeunes hommes, politiques au sens large jusqu’à la couleur de leurs lacets et à la fibre sociale de certaines de leurs idées, mais profondément hostiles aux partis et aux hommes qui les incarnent.Une voix discordante s’élève toutefois. Celle de Romain Riboldi, gaillard au béret et à la barbe du Che, qui ne peut s’empêcher de sourire à l’écoute de ses « camarades » : « C’est la fougue de la jeunesse qui parle. » Lui aussi a connu ces différentes phases. Il en est revenu, a fondé le Front humaniste révolutionnaire pour rassembler « des personnes de tous horizons », promouvoir des luttes et se battre pour l’accession « d’une société qui doit veiller au bien de son peuple, là où l’État a abandonné » : « C’est distribuer de la nourriture aux SDF, aider les étudiants, accompagner les migrants… »
Bref, c’est « agir, pas seulement rejeter ». Pas question cependant pour lui de voter dans cette « démocratie bourgeoise » : « Élire ses maîtres ne sert à rien. » Et ça, tout le groupe en convient. Inutile de demander leur intérêt pour les régionales…
Par « précaution », aussi parce qu’ils affirment qu’un système de « fichage sur (leurs) têtes » existe, certains des jeunes antifascistes rencontrés affirment être déjà sortis légèrement « armés ». En réalité, la guerre idéologique qui les oppose aux membres de Génération identitaire (qui ont refusé nos sollicitations), groupuscule d’extrême droite, se trame surtout sur les réseaux sociaux, à travers quelques intimidations, ou sur les murs de la ville.[…]
(Merci à Joseph.Melenchon)