David Isaac Haziza, éditorialiste à la régle du Jeu, le blog de Bernard-Henri Lévy, revient sur les propos de Nadine Morano et rejette le concept de “judéo-christianisme”. Fils du journaliste Frédéric Haziza (né en Algérie), il vit à New-York. Extraits de son texte intitulé : “Un pays judéo-chrétien et de race blanche ?”
La « race » française ne saurait être remplacée puisqu’elle n’existe pas.
L’Europe, la France ont des racines juives, et c’est bien autre chose. Qui sont parfois en conflit avec leurs racines chrétiennes ou helléniques, elles-mêmes bien souvent opposées entre elles. Parler de pays judéo-chrétien, c’est à la fois masquer cette dialectique, et ramener les Juifs dans le giron du christianisme… et de la race blanche. Car j’y insiste, Juif que je suis, je ne suis pas blanc, je suis un Oriental aux cheveux crépus (les dois-je à mon sang Haziza ou à mon sang Rosenzweig, c’est tout un), un Sémite, un Méditerranéen. De tout temps étranger.
Pour moi, je ne veux ni jouer les bien-pensants ni mettre, comme le fait cette femme, tout sur le même plan. Voulons-nous d’une France sans identité, sans culture et sans racines ?
Certainement pas. Je ne veux pas plus qu’elle d’églises changées en mosquées au gré de la demande, comme l’a proposé le recteur de la Grande Mosquée de Paris ; ni d’ailleurs de mosquées nouvelles bâties sur notre sol aux frais du Qatar ou de l’Arabie Saoudite, pays d’esclavagistes et de coupeurs de têtes ; ni de « salon de la femme musulmane », ni d’imams à demi débiles insultant la France, sa culture et ses valeurs dans sa propre langue et sur son territoire.
Pourtant, oui, les propos de Nadine Morano m’ont révulsé au plus haut point. Sans doute car ils sèment la confusion et masquent une stratégie qui n’a rien à voir avec ma propre francité et mon patriotisme. Peut-être aussi parce qu’elle me mêle à sa perspective contre ma volonté et contre l’histoire. […]
Les capitales occidentales d’aujourd’hui ressemblent plus à la cosmopolite New York, aux villes polyglottes et multiraciales de l’ancienne Mitteleuropa, à la Rome antique sans doute, qu’au village parisien du Père Goriot et des Misérables. C’est ainsi. Alors peut-on conjuguer ce cosmopolitisme de fait et toutes les richesses qu’il nous charrie, avec une identité stable ? […]
Je ne suis pas judéo-chrétien et je ne connais personne qui le soit, à part peut-être les premiers sectateurs de Jésus. La morale juive n’est pas la morale chrétienne, la Bible juive ne comprend pas l’Evangile et les Juifs lisent bien d’autres textes, à une époque brûlés en Place de Grève par celui que l’ancienne ministre, si elle connaît son existence, doit appeler « Saint Louis ». La culture française n’est pas judéo-chrétienne et je ne veux pas de cette mixture aseptisée. J’aime la civilisation chrétienne, elle fait aussi partie de moi, par tous mes peintres, mes musiciens, mes écrivains, mais cela ne fait de moi ni un chrétien ni un judéo-chrétien. […]