L’Allemagne pourrait recevoir 1,5 million de réfugiés cette année, soit deux fois plus que les estimations officielles. Le ministère de l’intérieur a expliqué qu’un pronostic exact était difficile à établir, une grande partie des réfugiés, déjà sur le territoire, n’étant pas encore enregistrés.
Selon un sondage Emnid, 59 % des Allemands estiment que le pays «n’arrivera pas à surmonter la crise des migrants»[…] Une grande partie de la politique conduite par l’Allemagne pourrait s’expliquer par la pression démographique. L’alternative proposée est la suivante: vieillir ou accueillir. Le pays est confronté à un déclin démographique impossible à inverser. La solution? Assumer durablement une politique forte migratoire.
En effet, les Allemands ne semblent pas décidés à mettre au monde des enfants. Selon une étude de la fondation Bertelsmann, la population active allemande pourrait passer de 42,9 millions de personnes aujourd’hui à 29 millions en 2050 si rien n’était fait. Pour maintenir un même niveau d’activité, l’Allemagne aurait besoin de quelque 500.000 migrants par an.[…]
«C’est bien dans les dix à quinze prochaines années que l’Allemagne connaîtra des moments difficiles mais au final je suis sûre qu’elle en sortira gagnante», indique Isabelle Bourgeois, chargée de recherches au Centre d’information et de recherches sur l’Allemagne contemporaine (Cirac). L’accueil d’un nombre record de demandeurs d’asile devrait coûter à l’Allemagne quelque 10 milliards d’euros cette année, soit quatre fois plus que l’an dernier, calculait le Frankfurter Allgemeine Zeitung dans son édition du 6 septembre.
L’État évalue à 13.000 euros par personne le coût annuel de la prise en charge des réfugiés par les communes, intégrant l’hébergement pendant l’examen de la demande d’asile, les repas, le suivi médical et l’argent de poche. S’y ajoutent un demi-milliard d’euros pour les postes supplémentaires d’enseignants payés par les États régionaux. Il est vrai que «les Allemands dépensent des sommes considérables pour l’intégration des migrants.» […]
Si du côté de l’économie, tous les feux semblent au vert pour accueillir ces flux de migrants en Allemagne, Isabelle Bourgeois assure que la question de l’identité allemande va se poser rapidement et que les problèmes risquent d’apparaître au niveau sociétal.[…]