Martine Aubry n’a pas du tout l’intention de prendre la tête de la liste PS-PRG-MRC aux élections régionales des 6 et 13 décembre en Nord-Pas-de-Calais-Picardie.
Qu’importe si le candidat socialiste désigné, son premier adjoint à la mairie de Lille, Pierre de Saintignon, ne décolle pas dans les sondages face à Xavier Bertrand et à Marine Le Pen, et que le risque d’une victoire finale du FN n’est pas à écarter. Pour Martine Aubry, c’est non.
Les pressions se multiplient pourtant pour que l’ancienne patronne du PS se porte candidate. Elles viennent surtout des entourages de Manuel Valls et du ministre de la ville et ex-président du conseil général du Nord, Patrick Kanner, deux ennemis jurés de Mme Aubry au sein du parti. En privé, le premier ministre explique que la situation est à « très haut risque » pour la gauche, surtout dans le département du Nord. « Avec Pierre de Saintignon, nos chances sont très faibles», confie-t-il, estimant que la seule solution est que Mme Aubry se présente à sa place. […]
Officiellement, bien sûr, la demande est flatteuse. Sans Mme Aubry, la défaite serait assurée. En réalité, c’est une forme de piège qui lui est tendu : si elle refuse de prendre la tête de liste, on lui reprochera d’être responsable de la perte de la région. Mais si elle accepte, on risque de lui reprocher d’avoir perdu, tant la victoire semble impossible. « Dans les deux cas, ils sont gagnants, analyse un cadre socialiste. Ils vont essayer de détourner le tir plutôt que d’assumer l’échec né de l’impossible union de la gauche à cause de leur politique gouvernementale. » […]