Analyser les cartes des votes FN pour mieux comprendre qui sont ses électeurs. Le démographe et historien Hervé Le Bras publie ce mercredi “Le pari du FN”.
Ces cartes révèlent à une échelle fine le trouble ressenti par de nombreux Français : disparition des relations de voisinage, expulsion des métropoles, blocage de l’ascension sociale. Le FN paraît dès lors l’unique moyen de changer la donne. Il réfute l’idée que le vote FN est un “vote de protestation”.
En observant une carte du recensement de 2010 et celle du vote FN à la présidentielle 2012, on remarque que plus on s’éloigne du centre de Paris, plus la proportion d’immigrés décroît et plus le vote FN augmente.
Pourquoi expliquez-vous que l’électeur fait un pari en votant Front national ?
Les électeurs du FN se comportent comme des personnes qui prennent un billet de loterie. L’espérance des gains est très faible par rapport à la mise engagée, mais il y a l’espoir du gros lot. Ces électeurs savent que c’est risqué, qu’ils ont une chance infime que leur situation change véritablement avec ce bulletin, mais cet espoir vaut mieux qu’une situation où rien ne change. Ces personnes se sentent bloquées, sans espoir d’ascension sociale.
Pourquoi étudiez-vous le vote FN comme une épidémie évoluant selon la géographie française ?
J’utilise cette métaphore sur un terrain composé d’éléments physiques (une montagne, un fleuve, une plaine) qui facilitent ou entravent les communications. Les plaines, où la circulation est facile, sont propices à l’éclosion du FN. […]