Nacira Guénif-Souilamas, professeur à l’Université Paris 8 et vice-présidente de l’Institut des cultures d’islam, (Barbès, Paris) condamne la décision de la maire de Paris de renoncer à construire l’Institut des cultures d’islam et appelle à ne pas céder aux «frilosités identitaires».
La maire de Paris vient d’annuler la construction du second édifice d’un projet pionnier en matière de coexistence réussie entre un lieu de culte et un équipement culturel : l’Institut des cultures d’islam à Paris (ICI).
Le signal envoyé ne manquera pas d’être repris et amplifié par ceux-là même qui font feu de tout bois pour désigner l’ennemi à nos frontières transfiguré en ennemi intérieur et le jeter en pâture en une spirale infernale de la haine de l’Autre.
Outre que le moment est mal choisi, il s’agit surtout de s’inquiéter de ce qui ressemble fort à une concession faite à l’esprit du temps islamophobe. […]
Un lieu où se vit un islam à la parisienne, donc à la française, apaisé, harmonieux et engagé dans un dialogue animé avec tous les arts, tous les savoirs, toutes les cultures, et donc l’avenir.
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En produisant et diffusant des savoirs et des œuvres, il devait contribuer à faire reculer les préjugés et témoigner que l’islam d’après la colonie est étranger à toute violence, fait œuvre culturelle et se porte bien. Balayant cette perspective, elle ôte leur dignité aux musulmans parisiens et les relègue aux marges de leur ville.