La famille Aldefaye, hébergée depuis plus d’un mois à Cergy-Pontoise après avoir fui l’Irak, s’est vue proposer un F4 à Reims. “Deux heures en voiture ? Mais c’est le bout du monde”.
Laïla Aldefaye, foulard en imprimé léopard bleu sur la tête, tongs roses aux pieds malgré les nuages gris et les 5 degrés de température, a parcouru des milliers de kilomètres. Elle a fui Diala, en Irak, a traversé deux continents, marché en Turquie, en Grèce, en Macédoine, en Serbie, en Hongrie, en Autriche, en Allemagne… Mais ce nouveau voyage de 180 kilomètres semble celui de trop. […]
Laïla, les deux mains nouées sur ses genoux, égrène la longue liste des obstacles qui se dressent pour ce énième départ. Des 52 années qu’elle a passées en Irak, il ne lui reste rien, pas un objet, pas un souvenir, juste sa bague de fiançailles, qu’elle porte à la main gauche. Mais, depuis qu’elle est arrivée à la base de loisirs, la chambre 42 qu’elle occupe avec son mari, ses deux fils, sa fille et son gendre, s’est remplie de vêtements, serviettes, mouchoirs, shampooings, savons, brosses à dents, livres, et autres objets donnés par les associations caritatives.
La famille a calculé. Leurs biens rentrent désormais dans dix valises, pas une de moins. […]
C’est à la dernière interrogation de Laïla qu’il est pris de cours : Est-ce que je pourrai continuer à porter mon voile ? Il paraît que cela pose parfois des problèmes en France.” Un temps, un silence. Le jeune homme hésite, finit pas répondre qu’il ne sait pas, que “cela dépend des gens, des endroits”.
Merci à Vicking