Alors que les sympathisants de gauche sont appelés au référendum du PS sur l’union pour contrer le FN, certains s’interrogent sur le jeu — dangereux ? — du président.
Son clash avec Marine Le Pen à Strasbourg a galvanisé François Hollande, lui que les sondages donnent éliminé par l’extrême droite en 2017.
«Si le FN Prend une ou deux régions, peut-être que les gens verront la différence et que ça permettra d’endiguer le FN», s’interroge à voix haute un ministre, un brin cynique. Un avis que certains partagent au PS, mezza voce, au risque d’être accusés de pratiquer la terre brûlée et de jouer la défaite aux régionales.
Qu’en pense François Hollande ? Dans les rangs de la majorité, la guérilla que mène le président contre l’extrême droite depuis quelques jours intrigue. Le 7 octobre, dans l’enceinte du Parlement européen, il remettait prestement Marine Le Pen à sa place, après qu’elle l’eut traité de « vice-chancelier » d’Angela Merkel. Jeudi, il mitraillait les « manipulateurs » et « falsificateurs » qui brandissent le spectre d’une invasion de réfugiés, pourtant démentie par les chiffres.
[…]Et si, en attaquant bille en tête la fille Le Pen, le président cherchait à installer l’idée que le second tour de la présidentielle les opposera ?
«Trop souvent, on a retenu nos coups de peur d’installer le FN. Mais maintenant, ils sont là ! Ils progressent dans les urnes, dans les esprits, dans les mots. Il faut rétablir la digue», plaide avec fougue l’un de ses fidèles. «C’est lui qui mène le combat. Il ne veut plus attendre, il veut aller au frontal», enchaîne un vieux compagnon de route, qui s’inquiète à l’approche des régionales du «vent de face sur le terrain qui peut tout faire tomber». Bref, pour Hollande, c’est sa façon de s’engager dans cette campagne qui s’annonce calamiteuse pour son camp. Quoi de mieux, il est vrai, que d’agiter l’épouvantail de l’extrême droite pour ressouder un électorat de gauche désabusé ? Mais gare : Manuel Valls avait mené la même stratégie aux départementales du printemps… sans guère de résultats.
Merci à Joe le Rassis