La dernière compagne de Charb, Valérie M., sort de l’ombre pour se livrer à des confidences troublantes, révélant des possibles liens entre le directeur de « Charlie Hebdo » et de riches dignitaires du Proche-Orient.
Eclipsée par les effusions de Jeannette Bougrab, Valérie M. est désignée par les enquêteurs comme la compagne de Charb, celle avec qui il entretenait une relation suivie depuis quatre ans. Le 7 janvier, au matin de l’attaque perpétrée par les frères Kouachi, c’est à ses côtés que le directeur de la rédaction de « Charlie Hebdo » s’est réveillé. Son histoire sentimentale mais aussi son statut de personne extérieure au journal satirique faisaient d’elle une confidente privilégiée du dessinateur. Sous couvert d’anonymat, elle a accepté d’évoquer les derniers jours passés auprès du journaliste, marqués par des événements troublants.
En tout cas, il m’avait dit une fois en riant que certaines personnes qu’il voyait n’étaient pas vraiment dans l’esprit du journal, mais ce qui lui importait, c’était de sauver Charlie » ( l’urgentiste Patrick Pelloux, chroniqueur à « Charlie »)
Pourquoi vous exprimer aujourd’hui ?
Parce que j’ai le sentiment que la vérité sur l’attentat de « Charlie Hebdo » est encore loin, et je veux faire tout mon possible pour qu’elle éclate. Je m’étonne que les enquêteurs ne cherchent pas à savoir si d’autres personnes ou d’autres intérêts pourraient se cacher derrière les frères Kouachi. On ne peut pas se contenter de la seule thèse du terrorisme islamiste.
« Charlie Hebdo » était-il menacé ?
Financièrement, oui. A l’automne 2014, la santé financière du journal était catastrophique. Charb me disait qu’il devait trouver 200 000 € avant la fin de l’année pour ne pas fermer boutique en 2015. Les appels aux dons n’avaient pas suffi à redresser les comptes. Il s’est mis à chercher des fonds un peu partout, sans trop en parler à ses copains de « Charlie » parce qu’ils ne voulaient pas les inquiéter. Dans cette quête, il a été mis en relation avec beaucoup de personnes différentes, parmi lesquels des hommes d’affaires, notamment du Proche-Orient, avec qui il passait des soirées. Il n’a jamais voulu me dire qui était l’intermédiaire qui lui permettait de rencontrer ces personnes. Il le désignait simplement en disant « mon contact ». En rentrant de ces soirées, il rigolait en me disant qu’il leur avait fait du charme, que ces gens-là étaient capables de lâcher 100 000 € comme on en dépense 10. Je n’ai jamais su non plus qui étaient ces riches hommes d’affaires.
Pourquoi jugez-vous cet épisode important ?
Parce que la veille de l’attentat, Charb m’a dit qu’il avait réussi à trouver l’argent manquant. Je lui ai demandé comment, il m’a répondu : «Mes soirées où je fais du charme à des riches dignitaires, eh bien ça a fini par payer !» Je n’ai pas cherché à en savoir plus, mais je lui ai dit que cela pouvait être dangereux. […]