Les agressions contre les musulmans concernent beaucoup plus de femmes que d’hommes: elles représentent plus de 81% des victimes et la quasi totalité des agressions violentes. Ce n’est pas un hasard.
[…] Des statistiques du Ministère de l’Intérieur aboutissent à un constat similaire, selon la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), qui s’est inquiétée dans un rapport en avril 2014 que sur les 17 actions violentes à l’encontre des musulmans, 14 concernaient des femmes. «La typologie des faits infractionnels met en lumière un phénomène particulièrement préoccupant, celui d’une recrudescence des agressions à l’encontre des femmes, et particulièrement de celles portant le voile», écrit l’institution. Si bien qu’on peut se demander si ces actes ne cachent pas une forme de misogynie. […]«C’est le seul signe visible [le voile] sur laquelle la loi pouvait agir. Le débat s’est donc focalisé sur les femmes», estime la militante et journaliste Rokhaya Diallo. A cela s’ajoute, selon la fondatrice de l’association Les Indivisibles, la peur qu’inspirent chez beaucoup de gens «l’homme arabe», qui renvoie dans l’imaginaire collectif une image de violence et d’agressivité. Cette image découragerait les amateurs d’agressions islamophobes: en somme, il serait plus facile de s’en prendre à des femmes, jugées plus faibles. […]
Pour la chercheuse Amélie Le Renard, membre de l’équipe Professions, réseaux, organisations du centre Maurice-Halbwachs et qui a animé l’année dernière un séminaire de recherche sur «classe, race et genre»,
[…]«l’idée que les femmes rendent inaccessible leur corps au regard contredit la construction dominante de la féminité selon laquelle les femmes doivent se rendre disponibles», et c’est ce qui expliquerait aussi cette réaction de la part d’hommes qui ne supporteraient pas cette indisponibilité.