Des chercheurs de l’université de Los Angeles et de l’université d’York (Royaume-Uni) ont «désactivé» une zone particulière du cortex préfrontal «impliquée dans l’identification des menaces», une zone qui serait en relation avec les «replis religieux et identitaires».
Il suffit d’ouvrir un journal pour le constater car notre début de siècle en est une preuve à la fois sombre et éclatante : rarement, dans l’histoire récente, les idéologies telles que la religion et le nationalisme exacerbé ne se sont aussi “bien” combinées. Plus ou moins instrumentalisées par les professionnels de la peur, les menaces du monde renforcent le retour au religieux, la haine des différences, le racisme et la xénophobie. […]
La manière dont nous affermissons nos convictions idéologiques et dont nous nous y cramponnons comme à des bouées de sauvetage, lorsque la réalité de nos sociétés entre en trop grande dissonance avec l’image idéale que nous en avons, a en effet déjà été étudiée par les chercheurs en sciences politiques, en sociologie et en psychologie. Seule manquait une approche neurobiologique, la mise en lumière des mécanismes cérébraux à l’œuvre dans cette tendance, et c’est cette approche qu’un article de la « Revue Social Cognitive and Affective Neuroscience » se propose d’aborder.
[…] De précédents travaux ont notamment montré que, face à l’évocation de la mort, menace puissante s’il en est, mais aussi face à l’isolement ou au sentiment de ne pas comprendre la situation, cette région du cerveau s’activait et était associée à un réflexe de repli sur son groupe social ou ethnique ou bien à un désir de punition de ceux qui violent la norme. D’où l’idée qu’ont eue ces chercheurs de… désactiver temporairement cette zone pour voir si, en présence d’un contexte angoissant, les individus “neutralisés” auraient moins tendance aux replis religieux et identitaires. […]Evidemment, pas question d’ouvrir la tête de quelques humains pour débrancher chirurgicalement cette partie du cortex… Les auteurs de l’étude ont eu recours à une méthode de plus en plus en vogue dans les laboratoires de neurosciences, la stimulation magnétique transcrânienne (SMT ou TMS selon l’acronyme anglais). Celle-ci consiste, à l’aide d’une bobine, à envoyer des impulsions magnétiques (qui traversent le crâne) vers le cortex, impulsions qui induisent une stimulation électrique des neurones visés. […]
Au terme de tous ces tests, les chercheurs se sont aperçus que les participants ayant subi une désactivation de la partie de leur cerveau qui gère les dissonances cognitives, avaient fait preuve de nettement moins d’hostilité envers l’immigré qui critiquait les Etats-Unis et l’avaient jugé plus sympathique (+ 28,5 %) que les membres du groupe au cerveau “indemne”. Et que, face à l’idée de leur propre mort, les premiers avaient manifesté bien moins de conviction religieuse (- 32,8 %) que les seconds… […]