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Dans Le papyrus de César, dernier album d’Astérix publié ce jeudi, les Noirs ont la lèvre charnue et l’accent prononcé. Tradition pour les uns, racisme ordinaire pour les autres, la caricature continue à faire débat.

Des lèvres très charnues, un accent qui escamote les “R” comme à la grande époque des publicités “Y’a bon Banania”: l’album inédit d’Astérix, Le papyrus de César, paru ce jeudi, ne bouleverse pas les habitudes. Les quelques personnages noirs sont identiques à ceux créés il y a cinquante-quatre ans par Uderzo et Goscinny. Une tradition pour les uns, une offense pour les autres.

Difficile, en lisant Le Papyrus de César, dernier opus en date de Jean-Yves Ferry et Didier Conrad, de ne pas remarquer “les scribes numides”. “On dit aujourd’hui ‘nègre littéraire'”, plaisantent les auteurs en bas de la case qui introduit les personnages. Ces personnages muets et noirs sont dessinés dans la tradition classique néocolonialiste, à la façon de Hergé dans Tintin au Congo. En 2015, on peut s’interroger sur la pertinence d’une telle vision. La polémique n’est pourtant pas nouvelle.

Pour la sortie d’Astérix chez les Pictes en 2013, le site Outre-mer 1ère s’intéresse déjà au sujet. Un constat: dans l’ensemble de la BD, les hommes noirs ont tous le même physique. La plupart du temps, ce sont des esclaves. Par ailleurs, un héros secondaire de la série, récurrent, le pirate Baba, chargé de guetter les bateaux depuis la hune, est doté d’un énorme accent africain – si l’on en juge par sa façon de ne pas prononcer les “R”. Surtout, il ne sait pas lire.

Lors de l’exposition consacrée à Astérix à la bibliothèque nationale en octobre 2013, Lilian Thuram avait confié son malaise devant le pirate Baba, dont le langage agace. “Je ne m’identifiais pas à lui”, confie l’ancien footballeur, qui préfère évidemment l’intelligent héros Astérix. Une lecture partagée par la Brigade Anti Négrophobie: “La représentation des noirs est toujours négative. Les jeunes ne peuvent pas se projeter en lisant cette bande dessinée.”

Nicolas Rouvière, maître de conférence à l’université de Grenoble, auteur de trois ouvrages sur le célèbre gaulois, dont Le Complexe d’Obélix (PUF 2014), rappelle que ce personnage de Baba est la parodie d’un personnage d’une autre bande dessinée, Le Démon des caraïbes.

“Astérix joue sur les stéréotypes, que ce soit au sujet des noirs, des Helvètes, des hispaniques, des Anglais, des juifs, analyse Nicolas Rouvière. C’est une moquerie des représentations à prendre au second degré. Uderzo et Goscinny jouent sur l’image du noir africain jovial. A aucun moment, il n’est question de dévaloriser ou d’humilier. Il n’y a aucun racisme à y voir.” […]

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Merci à Padamalgam & Fopastigmatizé

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