Laurent Joffrin a signé mi-septembre un édotorial dans “Libération” pour fustiger Michel Onfray en voie de “zemmoursation”, selon lui. Contester la politique scolaire ou la politique d’immigration, est-ce être fasciste ? C’est ce que semblent penser certains commentateurs. Réponse de Jean-Paul Brighelli agrégé de Lettres modernes et chroniqueur au Point.
Le 20 octobre s’est tenu à la Mutualité, à Paris, un grand rassemblement organisé par le magazine Marianne sur le thème de la liberté d’expression. Le camp du bien s’en est ému. Par exemple Bruno Roger-Petit, qui tient tellement à défendre la politique de l’actuel gouvernement qu’il n’hésite pas à lancer des anathèmes sur les « réac-publicains » qui animaient la soirée, de Jean-François Kahn à Natacha Polony. […]
Les projets de « laïcité ouverte » ou « aménagée » pour complaire à des groupuscules, des groupes de pression ou des « communautés » avides de déstructurer l’unité nationale, comme je l’explique dans mon dernier livre (“Liberté-Égalité-Laïcité”), vident le concept de tout son sens – et préparent une France non seulement multiculturelle, mais mutilée, démembrée, achevée.
C’est ainsi que Bruno Roger-Petit a vu dans ce débat, somme toute bon enfant, une « ambiance Croix de feu et Bleu horizon » : « Ce n’était pas un meeting sur le débat public en France, explique-t-il, mais le défilé aux flambeaux de la Réac Academy. Barrès aurait aimé. Maurras également. Et le colonel de la Rocque aussi. »
Et d’insister : «Oui, elle était là cette France moderne, mais enracinée dans le terroir culturel bien de chez nous, pour défendre le débat bien de chez nous, entre nous, avec des sujets renouvelés et inédits : le FN, les musulmans, le terrorisme et la laïcité. […]»
Cher Bruno Roger-Petit, si le débat a évoqué le FN, les musulmans, le terrorisme et la laïcité, c’est que ces quatre items posent de sérieux problèmes. Le FN parce qu’il formule de vraies questions – même s’il y apporte des réponses discutables. Les musulmans parce qu’on en arrive à se demander, ces temps-ci, si le poète kabyle Ferhat Mehenni n’a pas profondément raison lorsqu’il lance comme une boutade que « l’islam, c’est l’islamisme au repos, et l’islamisme, l’islam en action ». […]
Non, on ne peut pas apparemment débattre de tout : il faut laisser aux chroniqueurs du camp du bien le monopole de la parole. On peut compter sur eux pour ne rien dire qui choquera la pensée unidimensionnelle.