26/10/15
Le véritable propriétaire de l’appareil est une société suisse. L’appel d’offres du ministère de l’Intérieur a fait l’objet d’une enquête.
L’affaire de l’avion privé transportant des migrants au départ de Calais rebondit avec la révélation du vrai propriétaire du Beechcraft 1900 utilisé pour ces vols. La compagnie Twin Jet, dont le siège administratif est à Aix-en-Provence, n’est qu’un faux nez. L’appareil, bien qu’inscrit en liste de flotte chez Twin Jet, appartient à une société suisse, Fleet Management Airways, ce que l’on peut vérifier sur le site de la Direction générale de l’aviation civile. FMA, basée à Martigny, ne publie pas ses comptes. Le 1,5 million d’euros de mise à disposition annuelle de l’avion versé par le ministère de l’Intérieur à Twin Jet part donc en partie en Suisse. Chez Twin Jet, personne n’était disponible pour répondre à nos questions.
Appel d’offres contesté
(…) Avant Twin Jet, le contrat était assuré par une autre compagnie française de transport régional. Le renouvellement du contrat en février dernier s’est fait à son détriment alors que la proposition était de meilleure qualité techniquement, et financièrement plus avantageuse. Une plainte avec constitution de partie civile a été déposée, et instruite par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN). Quatorze interpellations et perquisitions plus tard, l’IGPN a rendu ses conclusions et a transmis le dossier au parquet. Un proche du dossier nous indique que la procédure est ouverte pour “délit de favoritisme et corruption de fonctionnaires”.
19/10/15
Plusieurs fois par semaine, un jet privé loué par l’Etat quitte Calais. A son bord, une poignée de migrants sous escorte policière. Rennes, Nîmes, Metz : ils sont transférés et libérés quelques jours plus tard. 1,5 million d’euros par an s’envolent ainsi.
(…) Un dispositif qui coûte bonbon aux contribuables. En effet, faute d’être le propriétaire de l’appareil, la PAF loue son Beech 1900 à un affréteur privé. Depuis 2015, c’est avec l’entreprise Twin Jet qu’elle fait affaire, comme le confirme à StreetPress Olivier Besnard, le boss de la boîte installée à Aix-en-Provence.
StreetPress a retrouvé l’appel d’offre lancé par le Ministère de l’Intérieur en octobre 2014. Il prévoit une utilisation de l’avion pour des missions de « transports, de fret, et de liaison » et une utilisation exclusive de l’avion par la DGPN (Direction Générale de la Police Nationale) et la DGEF (Direction Générale des Etrangers en France). Montant du contrat ? 1,5 millions d’euros, reconductible sur 4 ans.
Une somme à laquelle il faut rajouter le prix du kérosène, et le salaire des fonctionnaires de la PAF… Selon un policier qui souhaite garder l’anonymat, la facture pourrait grimper jusqu’à 23.000 euros par jour d’utilisation. Une addition salée pour ne transporter qu’une poignée de migrants à la fois. Car sur Air Sans Pap’, il n’y a qu’au maximum 5 réfugiés par vol, nous annonce une source policière. En effet, l’avion ne dispose que 19 places assises. Et la procédure impose 2 fonctionnaires de police par sans pap’. Coûteux et pas franchement efficace comme mode opératoire. Maître Clément, un avocat calaisien bien connu de tous les réfugiés, ironise :
« Je pense qu’ils devraient leur faire prendre des tandems pour faire des économies. Un flic devant, un migrant derrière. »
(…)
Merci à T M