A Pau, le président du MoDem joue les hommes tranquilles. Il se tient à distance des primaires à droite… tout en installant sa position d’incontournable. Requinqué par sa victoire à Pau aux municipales de 2014, le président du MoDem s’est glissé en position d’arbitrer l’échiquier de droite. Pourrait-il être “l’incontournable” de 2017 s’interroge le Parisien ?
A dix-huit mois de la présidentielle, un récent sondage de l’institut Elabe le classe troisième des personnalités dont les Français souhaitent la candidature en 2017, derrière Alain Juppé (52 %) et Marine Le Pen (37 %). Preuve que ses tentatives ratées aux trois dernières présidentielles n’ont pas démonétisé le président du MoDem, âgé de 64 ans. Mieux : ses échecs successifs lui ont donné l’épaisseur de ces politiques couturés, «qui en ont bavé». Il a perdu tous ses amis centristes ralliés à Nicolas Sarkozy en 2007, dérouté ses électeurs en votant Hollande en 2012, avant de perdre son mandat de député dans la foulée… En matière de déserts traversés, Bayrou s’y connaît : «Il pourrait vendre du sable aux Sahraouis», s’amuse un fidèle, l’un des rares à être resté à ses côtés quand il était au fond du trou.
Cette fois, il en est convaincu : l’Elysée se gagnera en marge des grands appareils politiques et non pas comme en 2012 par leur « noyau dur ». Façon de dire que les partis ont de moins en moins d’emprise sur leurs sympathisants. Lui met donc en avant « une entente large à droite pour donner de la crédibilité à un scénario de redressement du pays», analyse l’un de ses lieutenants. […]
Le 28 novembre, à Bordeaux, il sera l’invité d’un meeting pour les élections régionales aux côtés d’Alain Juppé… Tout un symbole, et une petite revanche, quand on se souvient que le maire de Bordeaux avait essuyé dans sa propre ville les sifflets des militants LR pour avoir plaidé une alliance avec le centre. «Cette fois, j’espère qu’il sera applaudi», sourit Bayrou.