La vidéo, réalisée par Mélissa Theuriau, entend dénoncer le harcèlement à l’école. Il est “hors sujet et méprisant”, estiment les syndicats.
La cause est belle et peu contestable. Mais le clip officiel contre le harcèlement scolaire concocté par le ministère de l’Éducation nationale, lui, ne passe pas. Les syndicats enseignants, dans une unanimité rare, réclament avec force son retrait, considérant qu’il porte atteinte à l’image des professeurs.
Campagne Non Au Harcèlement de l’Éducation… par LePoint
La ministre Najat Vallaud-Belkacem l’avait présenté la semaine dernière. Coproduit par la journaliste Mélissa Theuriau avec le soutien du groupe Walt Disney pour la journée nationale contre le harcèlement à l’école du 5 novembre (…)
Mépris
Dans cette vidéo destinée aux 7-11 ans, un écolier roux est la cible des boulettes et insultes de ses camarades dès que la maîtresse a le dos tourné. Puis une camarade lui murmure que ça doit s’arrêter, qu’il faut en parler. La maîtresse, elle, est – il faut bien le dire – complètement à côté de la plaque ! Plusieurs syndicats de l’éducation – du Snalc, classé à droite, au SGEN-CFDT, à gauche – ont réclamé son retrait.
Le harcèlement « n’est pas la conséquence d’un dysfonctionnement des classes, d’un désintérêt des enseignants pour leurs élèves », écrit sur son blog Paul Devin, secrétaire général du syndicat d’inspecteurs SNPI-FSU, voyant dans le clip « un acte de mépris pour les enseignants et pour les élèves victimes ».
La vidéo est « hors sujet et méprisante » pour les enseignants, selon Sébastien Sihr, secrétaire général du SNUipp-FSU. Il aurait mieux valu diffuser « les vidéos de qualité réalisées par les élèves eux-mêmes », estime le premier syndicat du primaire. Le clip « montre une enseignante pédagogiquement caricaturale, hurlant et ignorant ses élèves », déplore le SGEN-CFDT. Le Snalc critique « une mise en scène peu nuancée de ce grave problème très mal reçue par les personnels », tandis que la Société des agrégés dénonce « un clip donnant une vision odieusement caricaturée des professeurs ».
« Quand les adultes ont le dos tourné »
Le ministère défend sa campagne. Selon lui, le clip s’adresse aux écoliers « car c’est à cet âge que le harcèlement débute ». « Dans la plupart des cas, les enfants n’en parlent pas aux adultes » et « les faits se déroulent lorsque ceux-ci ont le dos tourné ». Mélissa Theuriau, qui a réalisé la vidéo « gracieusement », l’a testée « auprès d’enfants et le message a été très bien compris : les victimes reconnaissent leur souffrance et les témoins ressentent de l’empathie et veulent aider leur camarade », ajoute la Rue de Grenelle.
« Nous ne pouvons que regretter que certains enseignants puissent se sentir blessés. Un clip d’une minute ne peut pas résumer la complexité de ce phénomène ni le rôle de chacun des acteurs. » (…)
Merci à nita