La tragédie syrienne apparaît ici et là. “Les égorgeurs barbus s’en donnent à cœur joie, tranchent des carotides par-ci, des mains par-là, brûlent des églises et violent des infidèles à loisir“, écrit Enard.
Cette image sinistre, qui prédomine aujourd’hui en Occident, occulte l’essentiel, déplore le romancier. “Nous, Européens, voyons (les atrocités commises en Syrie et ailleurs au Moyen Orient) avec l’horreur de l’altérité; mais cette altérité est tout aussi effrayante pour un Irakien ou un Yéménite (…) Ce que nous identifions dans ces atroces décapitations comme ‘autre’, ‘différent’, ‘oriental’, est tout aussi ‘autre’, ‘différent’, ‘oriental’ pour un Arabe, un Turc ou un Iranien”, insiste-t-il.