La natalité est en forte hausse de la Tunisie à la Syrie. C’est la faute au chômage des femmes, explique un démographe français.
De la Tunisie aux camps de réfugiés syriens, en passant par l’Egypte, un phénomène intrigue les démographes. Contrairement aux idées reçues, la violence et les incertitudes nées après le Printemps arabe n’ont pas découragé les femmes à faire des enfants. Au contraire. Renversant une tendance inaugurée par la Tunisie de Bourguiba, qui avait vu sa natalité baisser de manière régulière depuis l’indépendance pour atteindre des «taux à l’occidentale» (2 enfants par femme en 2000 contre plus de sept dans les années 1960), les pays du monde arabe voient depuis 2014 leur démographie repartir à la hausse de manière spectaculaire.
Directeur de recherche à l’Institut national d’études démographiques (INED), à Paris, Youssef Courbage est l’un des plus fins connaisseurs de l’évolution démographique des sociétés arabes et musulmanes. Il nous donne ici quelques explications à ce troublant baby-boom post-Printemps arabe.
Qu’est-ce qui explique cette inversion de tendance ?
La première raison tient au fait que – malgré l’instruction féminine qui agit à l’encontre de la natalité exubérante – les femmes jouent un rôle marginal sur le marché du travail dans le monde arabe. Par ailleurs, leur taux de chômage est très élevé et beaucoup d’entre elles travaillent dans des entreprises familiales, c’est-à-dire à domicile. Cela veut dire qu’il n’y a pas de rupture entre le lieu du travail et le lieu de vie… Ce qui fait que la possibilité d’avoir des enfants en nombre est là… Le phénomène est spectaculaire en Egypte, pays le plus peuplé du monde arabe avec près de 90 millions d’habitants. Le fort recul de l’activité féminine durant les dix dernières années n’est pas étranger à la forte remontée de la natalité. […]
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