Vendredi dernier, plusieurs attentats simultanés menés à Paris par Daech ont bouleversés la France et le monde. Malheureusement, la menace terroriste reste toujours d’actualité. Comment la population peut-elle lutter ? En refusant de stigmatiser les musulmans, premières victimes de l’organisation, répond le contributeur du Nouvel Obs, Clys Kobbi, “citoyen du monde” qui vante “la beauté de cette France cosmopolite, tolérante, multiculturelle et multiconfessionnelle”.
Car être arabe ne veut pas dire être musulman. Je suis bien placé pour le savoir : je suis d’origine algérienne, mais je n’ai pas de confession.
Comme beaucoup, l’actualité me dépasse et mon horreur est totale face aux crimes perpétrés par Daech, soi-disant au nom d’Allah. La question est désormais de savoir comment vivre avec le danger que l’organisation terroriste représente et comment continuer à cohabiter pacifiquement avec des musulmans qui ne se reconnaissent en rien dans l’idéologie qu’elle prône.
La tentation de l’amalgame est bien là, visible, palpable, croissante, et elle doit être combattue avec force pour ne pas faire le jeu des extrémistes. Il s’agit de savoir comment faire face à la menace, et comment poursuivre une cohabitation pacifique entre croyants et non-croyants. Car c’est ce modèle laïc permettant le vivre ensemble qui est mis en péril par l’incursion de l’idéologie de Daech au sein de notre société.
Je vis à Paris, j’ai grandi en banlieue parisienne, et j’ai par conséquent toujours été au contact de toutes les catégories sociales, ethniques et religieuses qui peuplent ce pays, ce que je considère comme une chance et une source de richesses formidables. […]
Plaisir coupable de ma génération, je passe énormément de temps sur les réseaux sociaux, principalement Facebook, et parfois, j’ai littéralement l’impression de me trouver sur un véritable champ de bataille, en pleine guerre civile, tant l’animosité, les rancœurs et la virulence des propos qui y sont tenus sont poussés à leur paroxysme. Lâcheté de l’anonymat, sentiment d’impunité et de quartier libre, un terrain propice à l’ouverture des valves de la haine. […]
C’est pourquoi j’appelle chacun, chacune d’entre nous, à refuser l’amalgame et à ouvrir les yeux pour voir à qui le crime profite. Car les autres grands gagnants de cette situation, ce sont les extrémistes, identitaires, membres de groupuscules d’extrême-droite qui se nourrissent de la montée de l’insécurité et de la tentation de la division, pour jouer sur les peurs et les fantasmes des citoyens. Car ce sont eux qui constituent un terreau fertile à la diffusion de leur vision de la société idéale, au sein de laquelle les affrontements seraient permanents, un modèle invivable qui, à mon sens, ne vaut pas mieux que l’antichambre de la mort proposée par Daech. […]