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Musulmans, banlieusards, parfois les deux, ils sont tout aussi effrayés par d’éventuels attentats. Seulement, depuis vendredi, ils sont également angoissés par les regards, lourds de sens, qu’on leur jette au quotidien.

Ce lundi matin d’après attentat, l’atmosphère est lourde dans le RER. Sur le chemin du travail ou de la fac, les regards sont chargés. «Demain, tout le monde va me dévisager ». C’est ce que s’est dit Asma, la veille. Ça n’a pas loupé. «L’émotion a vite laissé la place à la demande de justification de la part de gens « comme nous. » Nous, ce sont les gueules de métèque. Les autres. […]

Ces derniers mois, on a beaucoup insisté sur le « oui, mais » des « pas Charlie ». Aujourd’hui, le « oui, mais » des « le terrorisme n’est pas l’Islam » atteint son apogée. Le disque est rayé.

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Comme tout le monde, ils sont restés branchés sur les chaines d’information en continu ces derniers jours.

Les rapprochements douteux entre les attentats de Paris et la banlieue d’abord, les migrants ensuite, dans le discours politique ambiant, a eu raison de leur perspective d’avenir.

«Je comprends qu’avec l’horreur qui a eu lieu, on pense au tout sécuritaire. De là à sous-entendre la nécessité d’un Guantanamo à la française, avec toutes les failles et les erreurs que ça implique, on se dit qu’on n’est pas à l’abri d’une chasse aux sorcières ». Le sentiment d’être entre le marteau et l’enclume, d’être exclu de fait de la communauté nationale, de devenir de vulgaires objet d’études et de curiosité. Pensif, Abdel lâche : «on a doublement peur : peur d’être pris pour un élément perturbateur, et peur de mourir dans un prochain attentat. » […]

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