Depuis les attaques qui ont frappé Paris, vendredi 13 novembre, Mourad Boudjellal, soutien de Christian Estrosi (LR); le président du Rugby club toulonnais (RCT), le plus médiatique des dirigeants du Top 14, le championnat de France de rugby, se dit « désorienté ».
«A la présidentielle de 2017, on sera tous contre Marine Le Pen. Même s’il faut voter Kiri le Clown»
«En France, aujourd’hui, il y a des jeunes qui portent un nom ressemblant au mien, se revendiquent du dieu que ma mère prie et tuent des gens qui pourraient être mes enfants… »
Mourad Boudjellal, 55 ans, a officialisé son ralliement surprise à Christian Estrosi, candidat Les Républicains aux élections en Provence-Alpes-Côte d’Azur, le 22 octobre lors d’un meeting à Antibes (Alpes-Maritimes). «Parce qu’il est le seul à pouvoir empêcher le Front national et Marion Maréchal-Le Pen d’arriver à la présidence de cette région, ce qui serait une catastrophe…», explique alors le fils d’immigré algérien grandi dans la ville basse de Toulon, naguère appelé «Chicago» pour ses prostituées à marins et ses bars louches.
Lundi 23 novembre, le premier sondage post-attentats, réalisé par Ipsos-Sopra Steria pour France Télévisions, a donné 40 % des intentions de vote au premier tour des régionales à Marion Maréchal-Le Pen. «Cela me confirme dans mon choix, estime le président du RCT. Le PS doit se retirer… Avant même le premier tour.» […]
Linda Boudjellal, mariée depuis vingt-sept ans à Mourad Boudjellal, est sévère elle aussi [sur le soutien de son mari à Christian Estrosi] . Sur Facebook, l’épouse du président a posté des commentaires cinglants : «Il n’y a aucune différence entre Le Pen et les idées estrosiennes. Ce mec méprise les Arabes.» «Je n’ai pas écrit cela pour contredire mon mari, mais parce que je le pense», insiste-t-elle quelques jours plus tard.
Née en Algérie, Linda Boudjellal ne digère pas non plus les déclarations de Christian Estrosi sur « l’œuvre civilisatrice de la France avant 1962 [en Algérie] ». « En votant pour lui, je pisserais sur la tombe de mes ancêtres », grince-t-elle. […]
«Quand j’ai repris ce club, rappelle Mourad Boudjellal, il y avait aussi une dimension politique. Je voulais dire aux Toulonnais qui venaient de voter FN : voilà ce qu’un enfant de l’immigration peut faire de votre équipe. Avec ce RCT multiculturel et ouvert sur le monde, j’espère avoir fait bouger les mentalités. »
Samedi 5 décembre, pour le prochain match contre Agen, le président du Rugby club toulonnais ne préparera pas de photomontage amusant. A la place, il a décidé d’inviter une centaine de jeunes d’origine maghrébine, pour les mêler aux habituels spectateurs du stade Mayol.
