Selon le Monde, « beaucoup de préjugés ou de contre-vérités circulent sur l’islam » depuis les attentats du 13 novembre revendiqués par l’Etat islamique. Madjid Zerrouky, Mathilde Damgé, Samuel Laurent et William Audureau nous proposent donc un article pour “décrypter cinq idées reçues sur l’islam et le terrorisme”.
1. Un salafiste n’est pas forcément un terroriste en puissance
Le salafisme est associé à une vision de l’islam qui choque en France : port du voile ou d’un habit spécifique, de la barbe pour les hommes, pratique très rigoriste…
Néanmoins, dire que le salafisme est en soi un vecteur de terrorisme serait un raccourci abusif : la majorité des salafistes ne se reconnaissent pas dans le djihadisme et la plupart appartiennent à ce que l’on appelle la branche quiétiste, non violente, qui se refuse à tout engagement politique, source de « fitna » (« division »), et se concentre sur la pratique religieuse. […]
2. L’islam n’est pas un critère ethnique, c’est une pratique religieuse […]
3. Tous les musulmans ne sont pas arabes, et réciproquement […]
4. La France n’est pas « envahie » par les mosquées
Contrairement à ce qu’avancent plusieurs personnalités ou médias comme Valeurs actuelles, la France n’est pas « envahie » par les mosquées. […] En 2012, le ministère de l’intérieur estimait qu’il y avait dans le pays 2 449 lieux de culte musulman, dont seulement 2,5 % de mosquées avec minaret. Ce nombre a fortement augmenté durant la dernière décennie : le précédent recensement faisait état de 1 536 lieux de culte en 2000.
Mais, rapporté au nombre de fidèles, ce chiffre reste très inférieur aux lieux de culte catholique. Si on estime qu’il y a en France 3 millions de pratiquants musulmans, on parvient au ratio d’un lieu de culte pour 1 200 fidèles. Si on reprend le chiffre de 3 millions de catholiques pratiquants (qui fréquentent au moins une messe par mois), et qu’on le rapporte aux 40 000 églises consacrées en France, on arrive à un ratio d’1 église pour 75 fidèles.
5. Le Coran n’appelle pas explicitement au djihad armé
Après les attentats du 13 novembre, comme après ceux de janvier, les ventes de Coran se sont envolées (7 des 20 meilleures ventes de livres religieux sur Amazon France concernent l’islam, dont le Coran en première place), comme s’il s’agissait de trouver dans le livre l’origine de cet appel à la violence. […]
Par exemple, dans la sourate 47, dite sourate de Mohammed, il est écrit :
« Quand vous êtes en guerre avec les impies, passez-les au fil de l’épée jusqu’à leur reddition.
Mais dans la sourate 3, dite sourate de la famille d’Imran, il est aussi écrit :
«Le fait qu’ils soient coupables ne te permet pas de décider de leur sort. C’est à Dieu seul qu’il appartient de leur pardonner ou de les punir. » […]