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Marc Ferro est un historien français. Il était l’invité d’Anne Sinclair, à l’occasion de la sortie de son livre «L’aveuglement – Une autre histoire de notre monde».

« Islamiser la modernité, non pas moderniser l’islam, comme nous en occident depuis 50 ans, on veut croire que cela aura lieu, mais l’inverse. »

L’aveuglement peut fonctionner sur deux angles.

«Notre ennemi en ce moment, ce sont ceux qui tuent nos soldats au Mali, en Syrie. Ce sont ceux qui font des attentats en France. Ce ne sont pas les Russes». Derrière l’affirmation de Marc Ferro, historien français et invité d’Anne Sinclair samedi, il y a un constat qui traverse la totalité de son dernier ouvrage : L’aveuglement – Une autre histoire de notre monde. Marc Ferro y explique que du nazisme à l’URSS, du 11 septembre jusqu’aux attentats de janvier 2015, l’Histoire est faite d’événements que les gens n’ont pas su anticiper. «L’aveuglement peut fonctionner sur deux angles : il y a le caractère non prévu de ce qui se passe et ensuite, il y a aussi le refus de chercher une explication (…). Une fois que les événements ont eu lieu, on ne veut pas les analyser».

L’erreur de diagnostique sur Poutine.

Exemple parmi d’autres dans la longue liste que comprend l’ouvrage, notre histoire géopolitique contemporaine. Pour Marc Ferro, la France, et d’autres avec elle, s’est trompée d’ennemi pendant plusieurs mois. Préférant faire de Poutine un opposant majeur alors que l’ennemi central aujourd’hui selon le spécialiste de la Russie, c’est l’Etat Islamique. Et Marc Ferro insiste sur le terme : «Lors des attentats de janvier, qu’avons-nous dit en premier ? Daech». Une erreur sémantique révélatrice pour l’historien. «Il ne fallait surtout pas dire que c’était un Etat. Alors qu’on s’aperçoit aujourd’hui, qu’il a une armée, (…) des espions dans le monde entier et qu’il y a un état organisé avec des ministères».

Un projet mondial qu’on ne veut pas voir.

Mais l’impact émotionnel des attentats du 13 novembre n’aurait-il pas changé la donne ? Pour Marc Ferro, il n’en est rien. «En ce moment, on fait de la chasse à l’homme comme si on chassait des petits délinquants. On aborde le problème comme un fait-divers alors que, tout en haut, il y a autre chose, un projet mondial qu’on ne veut pas voir», une organisation qui cherche à imposer mondialement son idéologie.

Un futur sombre ?

L’aveuglement actuel pourrait coûter cher selon l’historien, dont la fin de l’ouvrage se veut pessimiste. «Il y a un réservoir de haine ou de désespoir dans les cinq continents qui touche des groupes sociaux et des sociétés totalement différentes», confie Marc Ferro. Le risque ? «Que de ce réservoir sortent des étincelles qui se multiplient comme un archipel (…) Si on ne trouve pas des solutions pour ces populations, ce sera terrible».

europe1.fr

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