Après le succès du FN aux élections régionale, le Monde se demande dans son éditorial : ” Comment en est-on arrivé là ?”.
Après sa percée aux élections européennes de 2014 (25 % des voix), confirmée aux départementales de mars 2015, le Front national poursuit donc sa marche en avant. […]
Cette vague «bleu Marine», ou plus exactement brune, a beau avoir été annoncée depuis des semaines et anticipée par les sondages, elle n’en reste pas moins saisissante. Et particulièrement inquiétante, à dix-huit mois de la prochaine élection présidentielle. Comment en est-on arrivé là ? Comment un parti réactionnaire et xénophobe, animé, quoi qu’il en dise, par une idéologie contraire aux valeurs de la République, et porteur de propositions aussi démagogiques que dangereuses, peut-il apparaître comme un recours à plus d’un électeur sur quatre ? Comment comprendre qu’il soit en mesure de présider, seul, aux destinées de près du quart de la population française, s’il l’emporte le 13 décembre dans le Nord, en Provence et dans l’Est ? […]
Il ne fait pas de doute, en effet, que la responsabilité des partis qui gouvernent la France depuis des lustres est lourdement engagée. Ils en subissent, aujourd’hui, la sanction. Les uns et les autres ont échoué à sortir le pays du marasme où il se débat. Les uns et les autres n’ont pas su lui proposer un projet de société capable de lui redonner foi en ses atouts, en sa cohésion et en son avenir collectif. […]
Qu’il s’agisse de l’insécurité économique d’un pays privé, ou presque, de croissance, de l’insécurité sociale qui frappe des millions de ménages en galère, de l’insécurité «culturelle» d’une nation qui doute d’elle-même ou de l’insécurité vitale attisée par le terrorisme, gauche et droite peuvent bien se renvoyer la balle. L’évidence est qu’elles ont été, l’une et l’autre, incapables d’apporter des réponses à la hauteur des enjeux et des dangers.