Mettez-vous dix secondes dans la peau de l’un des 5 millions de Français de confession musulmane. Depuis les attentats, les réseaux sociaux sont inondés de témoignages d’islamophobie : insultes, agressions de femmes voilées, boucheries halal taguées, perquisitions abusives, contrôles d’identité à répétition, fidèles obligés de prier en plein air parce que leur mosquée est fermée. Sans parler des sarcasmes au boulot : « dis donc, Malika, toi aussi tu veux te faire sauter ? ».
Mais le pire, ce sont les regards de peur dans la rue, dans le métro… Si je vous parle de ça, c’est parce que moi aussi j’ai peur qu’après le score du FN dimanche, certains politiques sombrent dans le n’importe quoi. Qu’ils se mettent à rêver d’une laïcité radicale où tout Français musulman ou d’origine maghrébine serait présumé suspect de sympathie jihadiste s’il n’accepte pas d’oublier ses racines.[…]
Et ça, c’est la porte ouverte à tous les délires à 16 mois de la présidentielle : combien de temps avant qu’un élu ne réclame l’interdiction du voile dans les rues, l’obligation de se raser la barbe au travail ou un moratoire sur la construction de mosquées ? […]
Le danger, c’est que ces Français musulmans ou d’origine maghrébine qui se sentent déjà relégués, deviennent les humiliés de la République. Et ce n’est pas faire le jeu du FN, c’est faire le jeu de l’Etat islamique. Parce que c’est exactement ce qu’il cherche.