Les services américains les estiment à au moins 30.000, venus d’une centaine de pays. […] “Ce sont bien sûr les pays européens, avec au moins 5.000 jihadistes engagés dans Daech, toutes nationalités confondues, qui seront les plus touchés”.
“Bien longtemps après la défaite de Daech (acronyme en arabe de l’EI), le monde entier va payer les années d’aveuglement durant lesquelles il a laissé grandir le monstre jihadiste aux portes de l’Europe“, prévient Jean-Pierre Filiu, professeur à Sciences-Po Paris, spécialiste des mouvements jihadistes. […]
“Après la destruction de l’EI”, promise par la France et les États-Unis, “on va assister à une fragmentation du noyau central”, assure Mathieu Guidère, professeur des universités, spécialiste du terrorisme islamiste. “Et comme ne survivent que les plus aguerris, les plus radicaux, on va se retrouver avec quelque chose de pire que l’EI.
[…] En France, les services spécialisés peinent, comme l’ont montré les attentats du 13 novembre, à surveiller tous les jihadistes ou apprentis-jihadistes rentrant de Syrie, sans pour autant cesser de garder l’œil sur les vétérans des jihads afghan et irakien, radicalisés de plus longue date mais pouvant toujours être dangereux. […]“Rien qu’avec les flux actuels, les quelque 250 qui sont rentrés, c’est compliqué“, admet un haut responsable de la lutte antiterroriste sous couvert d’anonymat. […] Mais, au moins pour ceux dont la justice ne pourra pas prouver qu’ils ont du sang sur les mains, les peines de prison seront de l’ordre de sept à dix ans, estime-t-il.
“Donc ils vont en purger une partie. Ça veut dire que dans quatre/cinq ans, les premiers sont dehors”. “Il faut se préparer dès maintenant, et voir ce qui peut marcher pour remettre ces gens dans la société. Certains seront traumatisés pendant des années. Il faut penser à la réhabilitation, à l’encadrement. Il faut conjuguer le temps court, empêcher des attentats, et ce temps long, et ce n’est pas facile. C’est un problème qui va durer des années“.