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Pour Alain Duhamel, le Front national est devenu un parti d’alternance d’autant plus dangereux en raison de l’absence “d’offre alternative”.

Le Front national a toujours été un parti d’extrême droite. Il le reste. Il passait jusqu’ici pour un parti protestataire, il devient non seulement un parti d’adhésion mais, plus encore, un parti d’alternance, candidat au pouvoir et susceptible de l’emporter à terme.

Un nombre croissant de Français se reconnaît dans ses thèmes d’autorité, de repliement, de protection, d’ordre, de xénophobie.

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Depuis 2012, sa dynamique s’accélère, son implantation s’étend. Il est bel et bien devenu un front à composantes multiples, un «front national» car aucune région n’est épargnée, un front d’essence populaire puisqu’il est maintenant le plus plébéien. C’est une force redoutable, inquiétante, pugnace, réactionnaire au sens le plus littéral puisqu’elle propose de revenir à la France d’avant, à la France d’avant la crise, d’avant l’immigration musulmane, d’avant l’Europe, d’avant la mondialisation. Tel est le premier parti de France. […]

Il est servi par les circonstances qui illustrent diaboliquement ses thèmes et ses phantasmes. La poussée migratoire d’origine moyen-orientale a beau largement contourner la France, elle s’exhibe quotidiennement à la télévision et entretient la peur de l’étranger. Les attentats tragiques de cette année, légitimement anxiogènes, amplifient la peur des musulmans. Daech et les nouvelles formes de guerres servent le FN. Au-delà, c’est cependant le modèle social français, théoriquement l’un des plus protecteur au monde, qui ne parvient plus à remplir sa mission et alimente la thématique de l’extrême droite : chômage, précarité, pauvreté, déclassement, sentiment d’abandon et d’isolement, stagnation sociale, coupure masse-élites, le parapluie social imaginé à la Libération est troué de partout, et le FN s’engouffre dans ses béances. […]

Dans ces conditions, 2017 se présente comme une échéance périlleuse et complexe avec la présence annoncée de l’extrême droite au second tour, à un niveau que l’on ne peut plus prévoir. La campagne risque d’être obsessionnellement dominée par la question du FN, qui a déjà gagné la bataille médiatique et dont les propositions simplistes et illusoires, mais compréhensibles et populaires, portent plus que les projets brouillés des présidentiables classiques. L’élection présidentielle de 2017 devient ainsi historique.

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