La classe politique allemande scrute avec inquiétude la progression du Front national en France. L’inflexibilité de la chancelière sur les mesures d’austérité imposées à la France est pointée du doigt par la gauche.
Le Front national s’est invité au congrès du SPD. En Allemagne, la progression du parti d’extrême droite au premier tour des élections régionales est observée avec inquiétude. Le sujet a même occupé une part du discours du leader de sociaux-démocrates Sigmar Gabriel. «En France, l’un des berceaux de la démocratie, le FN a fait campagne sur le slogan «national et social» et il est devenu le premier parti du pays», a déploré le vice-chancelier lors de son discours vendredi matin à Berlin. Traumatisés par l’histoire, les Allemands s’alarment de voir les mouvements populistes se développer partout en Europe.
Angela Merkel, et sa politique d’orthodoxie budgétaire, a sa part de responsabilité dans cette progression, a accusé Sigmar Gabriel. «J’ai mis en garde Angela Merkel contre le fait de vouloir dicter cette politique d’austérité à la France», a-t-il expliqué. «Si on nous avait écouté, alors nous n’aurions pas le résultat d’aujourd’hui», a-t-il poursuivi. «Rien ne coûtera plus cher à l’Allemagne qu’une victoire du FN», a-t-il mis en garde. «Dans notre combat contre les nationalistes, nous devons changer le cours de l’Europe», a-t-il ajouté. L’attitude du SPD a cependant toujours été plus ambivalente qu’il ne le sous-entend: si les sociaux-démocrates ont plaidé pour une initiative de croissance, comme François Hollande, ils ont toujours réclamé des réformes à la France, comme Angela Merkel. Et lors de la crise grecque, Sigmar Gabriel s’était rangé derrière les partisans d’une ligne dure.
À deux jours du congrès de la CDU, Sigmar Gabriel a aussi exhorté les chrétiens-démocrates à «rappeler à l’ordre leur ami Nicolas Sarkozy, qui en France préfère contribuer à la victoire de la droite radicale plutôt que de lui faire barrage ensemble avec les socialistes». «C’est une honte que la CDU se taise à ce propos», a-t-il accusé. Le parti d’Angela Merkel préfère pour l’instant se tenir à distance de la politique française et des débats des Républicains.
Le président du SPD n’a pas cité dans son analyse des ressorts du vote FN la politique d’accueil des réfugiés, défendue par Angela Merkel et soutenue par la gauche. Mais pour nombre d’observateurs celle-ci a, elle aussi, servi l’extrême droite en lui donnant «du carburant», comme l’a écrit le quotidien Süddeutsche Zeitung.
(…) Le Figaro