La doctorante spécialiste du djihad et des femmes Géraldine Casutt nous explique les motivations des jeunes filles françaises, venues aussi bien des quartiers chic que des banlieues, qui partent faire le djihad en Syrie. Au mois de novembre, on comptait 197 femmes françaises au sein de Daech, et 51 mineures sur les 83 mineurs sur place. […]
La femme est présentée dans son rôle de mère et d’épouse, avec un homme vertueux à ses côtés qui prend soin d’elle. […] Certaines femmes aimeraient mourir avec leur mari en se faisant sauter ensemble, c’est une forme d’idéal qui fait mouche auprès de celles en recherche d’aventure avec un homme idéal. Mais elles ne partent pas seulement car elles ont envie de vivre le grand amour, c’est aussi une idéologie qui les convainc, qui appuie sur des points sensibles de leur parcours.
Pour nous Occidentaux, imaginer qu’une femme puisse adhérer à une idéologie qui propose l’opposé de notre vision de la femme libérée héritée de mai 68 est difficile. […] Elles ne se reconnaissent pas dans l’image de la femme émancipée qu’on leur vend et qui n’est qu’hypocrisie selon elles. Elles disent que la société a voulu leur faire croire que les femmes étaient libres et détachées de la soumission du regard de l’autre. Or, en regardant la télévision ou la publicité, elles trouvent que la femme n’a jamais autant été aliénée à l’homme. […]
Elles se considèrent ainsi beaucoup plus libres que les femmes occidentales, qu’elles jugent soumises à l’homme et d’autant plus perverses qu’elles se croient réellement libres. La grande différence qu’elles font entre leur situation et celle d’une femme au foyer des années 1950 est qu’elles ne sont pas soumises à un mari mais à Dieu. […]
C’est leur devoir de musulmane d’aller là-bas, la vie y sera meilleure. Elles s’appuient sur le sentiment de persécution victimaire, en rappelant à leurs interlocutrices les faits islamophobes commis en France, en démontrant que ce n’est pas possible d’être un bon musulman en Europe. […]
Merci à Lilib