Il n’y a pas si longtemps, les gares et les camps hongrois étaient débordés, suite à la crise migratoire subie par l’Europe.
Certains autres dirigeants de l’Union Européenne ont comparé la politique sévère de la Hongrie à l’Allemagne nazie. D’autres ont accusé le Premier ministre Viktor Orbán et son refus d’accueillir les réfugiés musulmans — ainsi que son ambition de faire de la Hongrie une “démocratie non libérale” — d’atteinte aux valeurs européennes.
Aujourd’hui, M. Orbán a réussi presque à lui seul à débarrasser la Hongrie des migrants. En même temps, il a resserré son emprise sur le pouvoir, et vu certains des dirigeants occidentaux qui le critiquaient se résoudre à reprendre, à contrecœur, certaines de ses méthodes.
La transformation soudaine du leader hongrois, passé du statut de paria à celui de modèle ultra-conservateur, reflète l’évolution de l’Europe face à la plus grande migration de masse depuis la Seconde Guerre mondiale. En quelques mois, un mouvement d’accueil des réfugiés fuyant la guerre qui déchire par la Syrie, mené par la chancelière allemande Angela Merkel, a cédé la place à un froid calcul sur les défis logistiques et sécuritaires posés par l’immigration incontrôlée.
La ligne politique anti-migrants de M. Orbán — avec une rhétorique dure, de nouvelles et sévères lois d’asile et une clôture de 175 km le long de la frontière sud — a commencé à être moins critiquée, alors que les dirigeants occidentaux considèrent la crise de plus en plus à travers un prisme sécuritaire.
«La politique de l’UE sur les migrants a été une sorte de suicide rituel,” a déclaré Peter Szijjarto, le ministre hongrois des Affaires étrangères, qui assure M. Orbán a changé les termes du débat. “Cela a représenté une menace majeure pour l’Europe, mais au moins, maintenant, ce n’est plus un sacrilège que de parler ouvertement de ce sujet.”
Même les adversaires les plus virulents du leader hongrois ont été contraints d’imposer un contrôle renforcé de l’immigration, dans un contexte de hausse de la crainte de l’extrémisme islamiste dans la foulée des attentats de Paris, et des difficultés de l’Allemagne à gérer ses demandes d’asile.
En Autriche, où le Premier ministre Werner Faymann a comparé le traitement des réfugiés par M. Orbán à “des scènes sorties des pages les plus sombres de notre histoire”, les autorités prévoient de mettre en place une clôture de 3,7 km sur sa frontière avec la Slovénie d’ici la fin de l’année. La Macédoine a également érigé une clôture de barbelés le long de la frontière grecque, avec des matériaux offerts par Budapest.
Les autorités autrichiennes rejettent la comparaison avec la clôture de la frontière de la Hongrie, affirmant que leur barrière est là pour guider les réfugiés aux points de passage désignés, plutôt que d’en empêcher complètement l’accès. Cependant, l’Autriche n’exclut pas l’extension de la clôture à l’avenir.
Ses opposants accusent les réponses politiques de M. Orbán — considérant la crise migratoire comme une « invasion » musulmane de personnes cherchant à pénétrer “derrière les lignes ennemies”, et l’introduction de nouvelles lois qui rendent pratiquement impossible la demande l’asile en Hongrie — d’aller à l’encontre des normes européennes.
Pourtant, les électeurs hongrois semblent approuver ses méthodes.
Un sondage publié la semaine dernière a montré un soutien à M. Orbán à 48%, contre 32% avant la crise des migrants, faisant de lui l’un des dirigeants de l’Europe centrale les plus populaires.
Porté par son succès, M. Orbán a confirmé son intention de briguer un troisième mandat consécutif comme Premier ministre en 2018, et a réitéré sa critique de dirigeants européens qui, selon lui, ont oublié le «bon sens, les vertus militaires et la fierté nationale”.
Peu de temps après le discours de dimanche lors du congrès du parti Fidesz, les délégués ont adopté une motion accusant la politique migratoire de l’UE d’être “hypocrite, irresponsable et dangereuse”, ajoutant qu’elle risquait de provoquer “l’éradication des fondations chrétiennes de la civilisation européenne”.
Les responsables pro-gouvernementaux insistent sur le fait que la politique de M. Orbán et sa rhétorique parlent également aux électeurs ailleurs en Europe, où les dirigeants politiques traditionnels ont du mal à élaborer une réponse cohérente à la crise.
En effet, le cercle de dirigeants aux vues similaires à celles de M. Orbán s’est élargi, depuis que le parti de droite Droit et Justice, en Pologne, a remporté une majorité absolue au parlement du pays en octobre.
Ces deux pays, ainsi que la Slovaquie et la République tchèque, sont désormais d’accord pour coopérer plus étroitement sur la sécurité des frontières et les questions politiques, formant un noyau dur de pays d’Europe de l’Est, sceptiques face aux positions de Berlin et de Bruxelles La Hongrie et la Slovaquie ont contesté le plan de la Commission européenne sur le partage du fardeau des réfugiés devant la Cour européenne de justice.
Maria Schmidt, un historien conservateur et conseiller du gouvernement Orbán, affirme : “Quel message ont [les dirigeants occidentaux] ? Les gens veulent entendre un nouveau langage ; de nouvelles voix plus conforme à la réalité. Voilà ce que vous voyez avec Donald Trump, avec Marine Le Pen et ailleurs.” […]
Traduction Fdesouche