Après l’annonce du retour de la déchéance de nationalité pours les terroristes binationaux, Samir Khebizi, binational franco-algérien, publie une Lettre ouverte à François Hollande dans Libération.
Vous perdrez la majorité des binationaux qui, nombreux, composent la société française, historiquement multiculturelle quoiqu’en disent certains.
«Avec l’annonce du retour de la déchéance de nationalité, je vais m’empresser la semaine prochaine de courir à l’ambassade revendiquer mon droit à la binationalité. Comme une réaction viscérale, comme un acte politique.»
Moi, Samir, binational
Monsieur le Président,
Je m’appelle Samir, Sam pour mes proches. Je suis français. Je suis né en France. J’ai grandi et vis à Marseille. Je suis non croyant. Mes parents sont d’origine algérienne. Ils m’ont éduqué dans le culte de l’intégration comme, à l’époque, tous mes camarades de classe de multiples nationalités. […]
Je suis devenu binational il y a un peu plus de dix ans par un triste concours de circonstances. En 2002, au décès de mon père, conformément à ses dernières volontés, j’ai pris en charge le rapatriement de sa dépouille en Algérie afin qu’il puisse être enterré au côté de sa mère. En me rendant au consulat, en pleines fêtes de fin d’année, on m’a expliqué qu’il était plus simple au regard de mes origines familiales de me délivrer en urgence une carte d’identité et un passeport algérien plutôt qu’un visa, plus long à obtenir. Hop, c’était fait. Le matin j’étais citoyen français, à midi j’étais, en plus, devenu citoyen algérien. Pratique la binationalité ! Voyages et passages en douane facilités des deux côtés, pas de coûteux et fastidieux visas à obtenir. Extrêmement utile pour un voyageur régulier comme moi. Et puis quel beau pays et quel beau peuple j’ai pu redécouvrir !A […]
Et puis, quels binationaux sont réellement visés par cette mesure ? L’islamisme radical n’est pas une nationalité à ma connaissance et je ne connais pas de personnes détentrices d’un passeport franco-terroriste. Dans ma région, je me bats, comme tant d’autres, contre un FN décomplexé qui était aux portes de la présidence de la région Paca. […]