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Tribune de Frédérique Leichter-Flack, maître de conférences en littérature à l’université Paris-Ouest, publiée dans Libération.
Un discours économique et rationnel explique que l’immigration crée des emplois, de la croissance et des ressources, plus qu’elle n’en ponctionne. Mais c’est sur les imaginaires qu’il faut agir. Car plus que la pénurie réelle, c’est la croyance à la pénurie qui mène à la résignation et au rationnement.
La campagne pour les régionales l’a montré, la politique migratoire comme thème politique est affaire de représentations autant que d’expertise. Ce n’est pas d’abord un débat d’experts éventuellement en désaccord sur la capacité d’absorption, économique ou culturelle, des sociétés européennes ; c’est un débat d’imaginaires. Et un conflit de représentations morales, entre ceux qui estiment qu’on ne peut pas se barricader en laissant mourir à nos portes des gens qui n’ont pas où vivre, et ceux pour qui n’avoir pas la force de fermer nos frontières, c’est trahir nos concitoyens à qui doit aller notre considération prioritaire. […] Ainsi, combattre la morale de la «préférence nationale» en dénonçant l’égoïsme ou l’immoralisme de la solidarité restreinte a peu de chances d’être efficace : car l’argument touche à la dimension affective et relationnelle de nos réflexes moraux. Et à une définition de la nation comme communauté d’intérêts que l’Etat a vocation à protéger, à commencer par le plus important, la sauvegarde de ses membres. […]

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