A gauche comme à droite, la déchéance de nationalité ébranle le monde politique Français, jusqu’à lui en faire perdre sa cohérence, estime le chroniqueur Roland Greuzat dans le Nouvel Obs qui s’inquiète de l’usage qui pourrait en être fait par le FN arrivé au pouvoir .
Morcelé ! Le monde politique vole aujourd’hui en éclats, la cohérence a disparu : la droite soutient une initiative venue de la gauche pour enchérir sur une extrême droite qui se nourrit (en passant) de l’extrême gauche qui, en partie, renoue avec la gauche unie. […]
Certes c’est désormais devenu un truisme, tout ce que le gouvernement entreprend nourrit petit à petit ce parti dont l’appétit est sans limite. Dans le cas précis, le FN ne s’en cache même plus, allant jusqu’à tweeter une déclaration de Florian Philippot demandant une application encore plus large de la déchéance de nationalité.
C’est là que l’on prend toute la mesure du jeu de Manuel Valls, de ce pari fou fait au nom d’une hypothétique victoire en 2017. Peut-on considérer comme raisonnable de graver dans le marbre constitutionnel la déchéance de nationalité ? Outre le fait de vendre son âme (ou ce qu’il en reste, si tant est qu’il en reste) au Diable, cette initiative est d’une imprudence folle, à la limite une “c… rie” majeure.
A l’heure où le Front National campe aux portes du pouvoir on ne fait pas un tel cadeau. D’aucuns ne s’y sont pas trompés. Dans une interview donnée à “La Voix du Nord”, Marc Trevidic conclut :
“Que se passera-t-il, demain, si un régime autoritaire qualifie très largement des opposants de ‘terroristes’ ?”
Là est le vrai danger, en piétinant les principes mêmes qui ont fait notre République, on prend le risque d’offrir sur un plateau les moyens d’action à ceux qui n’ont de cesse que de la détruire.
