Pour Mustapha Cherif, philosophe, les musulmans installés en Europe sont majoritairement intégrés et sont une source d’enrichissement.
Contrairement à ce qui est colporté, les citoyens de confession musulmane ne déstabilisent pas l’identité européenne, encore moins la menacent. Ils enrichissent culturellement, humainement, cette partie de l’humanité du monde et s’enrichissent eux mêmes. C’est un gain réciproque, une chance mutuelle, comme le démontre l’histoire à travers les temps.
L’Europe est-elle décidée à préserver ses fondements démocratiques et à tirer les leçons de la tragédie innommable produite par l’antisémitisme ? L’islamophobie est une continuité de l’antisémitisme, tout en étant ancienne.
L’immense majorité des citoyens européens de confession musulmane est en phase avec le monde moderne. Elle a intégré l’environnement et l’époque. Elle mérite d’être encouragée plutôt que stigmatisée. D’autant que la responsabilité est partagée entre la majorité des citoyens et la minorité. Il est injuste de demander à une seule partie de la société, de surcroit la plus vulnérable, de s’adapter, de s’intégrer, voire de se nier. Les uns et les autres, ont pour devoir d’accepter l’altérité, de s’ouvrir, de dialoguer, de trouver des accommodements raisonnables.
La montée de la xénophobie est un danger réel pour toute la société. Les citoyens de confession musulmane sont mis à dure épreuve. L’islam est pris comme bouc-émissaire dans un monde en crise permanente et multiforme. L’islamophobie est utilisée pour détourner l’hostilité envers des politiques injustes. Construction politicienne haineuse, artificielle et obscène, elle est une diversion, nuisible pour tous, face aux impasses de notre temps.
L’histoire démontre pourtant que l’Europe et l’islam ont des relations anciennes. Les deux mondes voisins sont entremêlés. Notre civilisation commune est méditerranéenne, judéo-islamo-chrétienne et gréco-arabe. Les convergences sont plus importantes que les divergences. Tout cela est occulté. […]
Des courants idéologiques divers, pas seulement d’extrême-droite, par préjugé antireligieux, antimusulman, dénient le droit à la multiappartenance aux citoyens de confession musulmane. C’est moins leur différence que l’islamité qui est en cause. Ils témoignent d’un rapport à la Transcendance, à l’Éthique, au Sacré, qui gène. […]
Aujourd’hui, malgré les efforts des citoyens musulmans, leurs réussites, leur loyauté au pays dans lequel ils vivent et des politiques novatrices d’institutions de divers pays européens, des citoyens de confession musulmane se considèrent incompris, discriminés, accablés, orphelins, voire bannis. […]