Pour l’anthropologue Dounia Bouzar, la « radicalisation » n’est pas un problème uniquement lié à l’islam. Elle rappelle que des familles athées ou catholiques ont un enfant parti faire le djihad…
Cette proposition de déchéance de nationalité pose le postulat que l’engagement dans le terrorisme ne concerne que les immigrés de confession musulmane.
Aujourd’hui, nous ne cessons d’alerter : nous accueillons un autre public de jeunes de 13 à 21 ans. Les parents qui appellent le numéro vert et que nous prenons en charge sont très divers : couples de classe moyenne, références athée ou catholique dont l’enfant a préparé son départ pour l’organisation Etat islamique. Nous l’avons toujours dit, ils ne sont peut-être pas représentatifs de l’ensemble des familles touchées par le radicalisme car ce sont des parents qui font confiance aux institutions de l’Etat et qui acceptent le fichage de leur enfant, puisqu’ils l’ont eux-mêmes signalé aux forces de police. Mais personne ne peut nier qu’ils existent. Tous les professionnels de terrain le savent. C’est un mensonge ou une grande incompétence que de faire croire aux Français qu’il ne s’agit que d’un problème d’immigration ou de musulmans.
Cette proposition de déchéance de nationalité pose le postulat que l’engagement dans le terrorisme ne concerne que les immigrés de confession musulmane. Notre énergie devrait se focaliser sur la recherche d’outils permettant de lutter contre toutes les facettes du terrorisme, dont la mutation de son discours. Va-t-on effacer ces 847 familles non musulmanes qui ont appelé à l’aide ? Va-t-on prendre à nouveau dix ans de retard alors que nous pouvons encore éviter que la nouvelle génération qui incube nous explose à la figure ?
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