Tribune de Dany Cohen, professeur des universités à Sciences Po, sur la déchéance de la nationalité. Il accuse “les plus hautes instances de l’Etat font la courte échelle à l’extrême droite“.
La volonté gouvernementale d’étendre les possibilités de déchoir un Français de sa nationalité et même d’inscrire ces nouvelles possibilités dans notre Constitution demeure incompréhensible pour un esprit rationnel – et plus encore pour un juriste, la nationalité étant avant tout une question de droit. […]
Le symbole ? Venons-y : durant le dernier siècle et demi de notre Histoire, un seul régime a sérieusement usé des retraits de nationalité : Vichy, qui déchut de la nationalité française quantité de juifs, mais aussi de Gaulle et quelques autres. Le gouvernement veut d’ailleurs aller plus loin que Vichy, qui dans la loi du 23 juillet 1940 prévoyait de retirer la nationalité à des personnes naturalisées et non à celles nées françaises.
Comparons l’attitude de Vichy à celle du gouvernement républicain issu de la Résistance : ni Laval, ni Pétain, ni Touvier, ni Darquier de Pellepoix (etc.) ne furent déchus de leur nationalité française, bien qu’impliqués dans de monstrueux crimes de masse. La suite l’a confirmé : jusqu’ici, de par le monde, seules les dictatures ont fait de la déchéance de nationalité une arme ; les dissidents des régimes totalitaires d’Asie l’ont subie. On peut être surpris qu’un président socialiste choisisse de s’inscrire dans une telle lignée. […]