Joëlle Fiss, chercheuse et consultante en politique internationale s’interroge sure les deux France : celle de “l’esprit de Charlie” et celle “Marine Le Pen”.
Au premier tour des élections régionales le 6 décembre 2015, le score du Front national nourrit la vision qu’au fond les Français sont racistes. Les pires craintes de ceux qui critiquaient Charlie à l’étranger sont confirmées par la montée de l’extrême droite. La preuve ? Le Front national est antisémite, antimusulman et xénophobe.
En 2015, la France a été très aimée. Et très incomprise. Elle est aimée, dès janvier 2015 lors des attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher. En dehors d’une colère violente anti-Charlie dans les pays islamiques, ailleurs on aime la France, ses valeurs, sa fraternité, sa liberté. […]
Charlie est-il raciste ou antiraciste ? Souvent incompris, les antiracistes sont accusés, à tors, de racisme. Il faut s’acharner à expliquer la culture de satire politique en France : Charlie ne vise pas à se moquer des musulmans, mais à faire une critique du djihadisme. Le journal satirique ne vise pas à renforcer les préjugés, mais à les casser. L’argument est parfois compris, parfois réfuté.
Puis arrive décembre 2015. Au premier tour, le Front national aux couleurs fascistes séduit les Français. D’un coup, le pays projette une intolérance confirmée. […] Comment comprendre ces « deux Frances » qui se contrastent en 2015, d’un côté celle de Charlie et de l’autre, celle de Marine Le Pen ?
L’honneur de la France est sauvé de justesse au second tour. […]