Un jeune homme hirsute, mal rasé mais heureux, se prend en photo avec Angela Merkel. On connaissait le “selfie” du migrant arrivé à bon port, sauf que, cette fois-ci, dans le dessin du caricaturiste du quotidien populaire Standart de Sofia, l’autre main du jeune homme s’attarde sur le postérieur d’une chancelière allemande dont l’expression oscille entre surprise et effroi.

Les médias d’Europe de l’Est, eux, affirment qu’ils n’ont pas du tout été surpris par ce qui s’est passé à Cologne et dans d’autres villes d’Allemagne la nuit de la Saint-Sylvestre. Bien au contraire. “Que cela soit en Pologne, en République tchèque, en Hongrie ou en Slovaquie, les médias disent une seule et unique chose : ‘Ce qui s’est passé à Cologne était logique et inéluctable, et nous vous avions prévenus de ce danger’”, écrit la section en langue bulgare de la radio Deutsche Welle (DW).

Des centaines de plaintes ont été déposées depuis par des jeunes femmes affirmant avoir été sexuellement agressées par des groupes d’hommes, essentiellement en provenance d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient.

Souvent accusés de manquer de compassion envers les migrants, les Européens de l’Est – et leurs médias – semblent tenir leur revanche dans cette affaire. Les journalistes occidentaux sont tour à tour accusés d’être des naïfs ou des inconscients, quand ils ne sont pas suspectés de jouer le jeu des autorités qui auraient voulu passer sous silence ces événements pour ne pas ajouter de l’huile sur le feu.

“La crise migratoire a donné naissance à une sous-culture d’altruistes naïfs et bien-pensants”, croit savoir le quotidien slovaque Sme, cité par la DW“Il aurait fallu qu’une chaîne de télévision fasse son direct depuis la place de la gare à Cologne au moment des émeutes pour que s’écroule la vision angélique qu’ont certains des migrants. Mais cela ne s’est pas fait, parce que les journalistes allemands sont eux-mêmes sous l’emprise du politiquement correct”, renchérit le quotidien hongroisMagyar Idök.

…et les yeux grands fermés

En Bulgarie, les utilisateurs des réseaux sociaux avaient, bien avant leurs homologues occidentaux, repris les informations alarmantes en provenance d’Allemagne au lendemain des fêtes de fin d’année, tirant la sonnette d’alarme sur une réalité, selon eux, occultée par les médias. Dans un article intitulé “Pour qui sonne le glas à Cologne”, l’éditorialiste de Standart résumait, une dizaine de jours plus tard, le sentiment général :

Les Européens de l’Ouest regardent avec des yeux grands fermés la vague migratoire qui les submerge et le compte à rebours des bombes humaines djihadistes qui sillonnent les rues de leurs villes. Les élites sont désorientées et incapables d’arrêter ce flux, de juguler la radicalisation tout comme d’intégrer efficacement les nouveaux venus. La grande cloche de la cathédrale de Cologne sonne la fin de paix civile sur le Vieux Continent.”

(…) Courrier International