A l’occasion de la sortie du dernier numéro de Causeur, «2016, la France se rebiffe», Elisabeth Lévy, journaliste et directrice de la rédaction de Causeur, a accordé un long entretien à FigaroVox. L’occasion également de revenir sur les évènements de ce début d’année …
“La majorité des Français, au-delà de leurs divergences et de leurs différences, veulent rester culturellement majoritaires chez eux et ils ne se sentent plus coupables pour cela. Et c’est d’ailleurs le cas de nombre d’immigrés qui ne veulent rien d’autre, justement, qu’être français.”
Sur Cologne : “les faits sont là, sous nos yeux: des hommes de culture arabo-musulmane ont agressé sexuellement des femmes occidentales, c’est-à-dire libres, parce qu’elles étaient libres.”
Si nous ne nous mettons pas au boulot pour redéfinir notre règle du jeu commune, ce qui signifie revenir à la question brûlante de l’identité nationale, quel que soit le nom qu’on lui donne, c’est la balkanisation de la société, autre nom du déclin, qui prévaudra.
Le dernier numéro de Causeur s’intitule 2016, la France se rebiffe. Pour vous, l’année qui débute serait celle du sursaut. On vous a rarement connue aussi optimiste. Qu’est-ce qui vous prend ?
Nous ne sommes pas dupes, il entre dans cet optimisme une part de wishful thinking. Je crois cependant que quelque chose a changé en profondeur en France: après des années d’occultation, d’euphémisation et de dénégation, le réel se rebiffe, lui aussi, et nous éclate à la figure. […]
Le Parti du déni et ses porte-voix médiatiques, qui expliquent depuis des années que tout le mal vient de l’islamophobie et de quelques mauvais apôtres – de Finkielkraut à Houellebecq en passant par Zemmour et beaucoup d’autres -, a pris un gros coup sur la tête. Certes, il ne désarme pas complètement mais c’est la panique. Face à ce qui nous arrive, le récit irénique sur le multiculturalisme heureux s’effondre. Et pour le reste, on observe les habituels retournements de vestes: bientôt Libé fera du Causeur! […]
Tout de même, l’agression de Marseille plonge de nouveau les Juifs de France dans l’inquiétude. Après les slogans, «Je suis Charlie» ou «Je suis Paris», on voit désormais apparaître le slogan «Je porte une kippa». Est-ce bien suffisant?
Je ne veux pas vous choquer, mais l’agression de Marseille, c’est la routine. Et cela fait longtemps que les élèves des écoles juives ont pour consigne d’enlever leur kippa quand ils quittent l’établissement. Du reste, une agression parfaitement identique avait eu lieu à Marseille le 14 novembre et personne n’en avait parlé. […]
Peut-être. Mais vous aurez du mal à trouver la moindre drôlerie aux événements qui ont inauguré l’année à Cologne. Et si 2016 était celle du tragique de répétition?
Tout d’abord, il y a quelque chose d’inédit, ou de très archaïque dans ce qui s’est passé à Cologne. Vols et viols, cela rappelle les rapines et razzias d’antan. Et cela touche à quelque chose de très profond et de très sensible. Ce qui s’est passé à Cologne, c’est au sens propre un choc des cultures, un choc entre deux systèmes anthropologiques. […]
Merci à Sendarien