Le sociologue Michel Wieviorka, président de la Fondation Maison des sciences de l’homme, estime que “la situation actuelle pourrait ne pas durer“.
Vous décrivez une situation dangereuse pour la France…
Inquiétante, oui, parce que s’installe la certitude qu’il n’y a plus d’action possible. En France, la seule perspective de changement serait l’élection présidentielle de 2017 ! Effrayant ! Dans ce contexte, le pouvoir met en avant l’image d’un grand défi, la “guerre au terrorisme”, susceptible de l’aider à affirmer une légitimité retrouvée…
Diriez-vous qu’il y a actuellement un “malheur français” ?
Oui ! Nous vivons une période de “sale temps”.
Depuis Mai 68, la France a quitté l’Histoire. Mai 68, après les deux guerres et la guerre d’Algérie, a été le dernier moment où la France faisait l’Histoire, était dans l’Histoire. Depuis, la fureur, le bruit et l’action historique nous ont quittés – je le dis sans nostalgie.
Et depuis bientôt dix ans, les crises financière, économique puis politique et morale font que notre système manque d’oxygène. Les citoyens sont las de voir que tout semble se jouer du haut vers le bas et que les résultats ne suivent pas. La situation actuelle pourrait ne pas durer…