La ville de Cologne, traditionnellement tolérante et marquée à gauche, voit une montée importante de l’extrême droite. Selon Siebo Janssen, professeur de sciences politiques et d’histoire contemporaine à l’université de Cologne et habitant de Cologne, cette évolution montre la gravité de la situation dans le pays.
S’il comprend les raisons qui ont poussé Angela Merkel à ouvrir les frontières de son pays aux demandeurs d’asile, il s’inquiète de la montée des extrémistes et de la radicalisation des partis de droite. Il juge néanmoins que l’Allemagne a toujours un besoin criant de migrants pour compenser le vieillissement de sa population. […]
Ces incidents profitent aux partis d’extrême droite, qui ont toujours dit que les migrants allaient provoquer une hausse de la criminalité…
Beaucoup de gens en Allemagne pensent que les migrants sont un problème. Mais on ne sait toujours pas aujourd’hui si les attaques du nouvel an ont été fomentées par des demandeurs d’asile ou par des membres de bandes organisées criminelles. Il apparaît toutefois clairement que les partis extrémistes profitent de ces incidents. Au niveau fédéral, l’AfD atteint aujourd’hui près de 10 % dans les sondages, et sa cote de popularité dans certaines régions atteint 15 %, voire 16 %. Ce parti devrait rentrer au Bundestag l’an prochain. Sa présence va compliquer la formation d’une coalition gouvernementale.
On risque de se retrouver avec un pays qui sera continuellement dirigé par une grande coalition comme en Autriche. Nous sommes en train de passer d’un modèle social-démocrate à un modèle sécuritaire et nationaliste.
Quelle est aujourd’hui la ligne directrice de l’AfD ?
Ce parti était à l’origine anti-européen. Mais son fondateur, le professeur Bernd Lucke, a été éjecté de sa formation durant l’été dernier. La branche la plus extrême du mouvement, que l’on peut comparer au FN en France, a pris le dessus sur les modérés qui ne représentent même plus 10 % des cadres du parti. […]