Tribune d’Emmanuel Droit, historien spécialiste de l’Allemagne et directeur adjoint du Centre Marc Bloch à Berlin.
L’année 2016, en s’ouvrant sur les nombreuses violences commises à Cologne et attribuées à des migrants d’origine arabe, ne risque-t-elle pas de marquer la fin de la politique d’ouverture défendue contre vents et marées par la chancelière allemande Angela Merkel ? […] La grande divergence politique observée au cours de l’année 2015 entre une Allemagne humaniste et tolérante et une France angoissée et tentée par la solution du repli va-t-elle prendre fin ? L’Allemagne va-t-elle céder à son tour aux sirènes du populisme xénophobe incarné en France par Marine le Pen ?
Face au discours généreux et libéral de la chancelière allemande, Marine Le Pen ne cesse de prôner des solutions simplistes à une majorité de Français déboussolés qui ont perdu confiance dans leurs élites républicaines et qui ne comprennent plus le monde dans lequel ils vivent. Elle leur propose une vision binaire du monde un clivage entre « mondialistes » et « patriotes ».
Cette posture rappelle étrangement d’autres lignes politiques de partage dans un pays dont l’histoire nationale est hantée depuis les Guerres de Religion par le spectre de la guerre civile : les « Bleus » contre les « Blancs », les « Fédérés » contre les « Versaillais », les « Dreyfusards » contre « anti-Dreyfusards », les « Démocrates » contre les « Communistes ».
Plutôt que de capituler face à la peur et au populisme d’extrême-droite, Angela Merkel doit tenir bon.