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La publication récente d’un ouvrage de Daniel Lindenberg, “Le Rappel à l’ordre”, qui dénonce la dérive “réactionnaire” de nombreuses personnalités, suscite actuellement une violente polémique. Daniel Lindenberg est professeur de sciences politiques à l’université Paris-VIII.

L’idée qu’il puisse y avoir une nation française qui ne soit pas de toute éternité, blanche et chrétienne, mais un creuset toujours en fusion, est insupportable à la droite «décomplexée» et à ses intellectuels organiques.

L’idée selon laquelle « notre » civilisation » occidentale chrétienne est menacée se retrouve aujourd’hui chez des athées endurcis.

On discute doctement de la réédition de Mein Kampf, tandis que des discours délirants portés par la vague complotiste qui déferle dur Internet sont en libre circulation. Le spectre du « Grand Remplacement », qui prolonge celui en vogue dans la décennie précédente d’une « Eurabie » soumise à la charia, hante beaucoup d’esprits.

Il ne s’agit plus de pose ou de dandysme ; certes il y a une obsession de la décadence chez Houellebecq, Finkielkraut, Eric Zemmour ou Richard Millet. Mais, si on creuse un peu, au-delà de la critique antimoderne de la société ouverte, c’est plus précisément la présence de barbares inassimilables au sein de la nation française qui est pour ces esprits distingués la racine du mal. Tout le reste en découle ; déclin de l’école, de la langue française, de la sacro-sainte autorité et, au bout du compte, descente aux enfers de la République (ô territoires perdus…) et de la laïcité (menacée par les menus sans porc dans les cantines scolaires). Aucun compromis avec cette anti-France. […]

L’époque est dangereuse. Il est certain que la tentation va être grande pour certains d’instrumentaliser les crimes de Daech et les aléas des migrations de masse pour appuyer sur les fractures à vif de la société française. Et la responsabilité des intellectuels n’en sera que plus grande. […]

Le Monde

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