Un Français radicalisé parti en Syrie, où il a été rejoint par sa mère surnommée Mamie Djihad, a tenté de rentrer en Europe cet été avec le passeport suédois d’un autre combattant. Un procédé nouveau qui intrigue.
Son arrestation, opérée au beau milieu de l’été dernier, est longtemps restée secrète. A l’époque déjà, elle avait allumé un voyant rouge sur les écrans de contrôle des services de renseignement européens. Depuis les attentats du 13 novembre, à Paris et Saint-Denis, l’affaire Tyler Vilus, du nom que nous dévoilons de ce jeune Français, prend un relief tout particulier.
Le 21 juillet dernier, Tyler Vilus, un Français de 25 ans, originaire de Troyes (Aube), est interpellé à Istanbul, en Turquie. L’homme, considéré comme un combattant aguerri au sein de Daech, visé par un mandat d’arrêt international, rentre clandestinement en Europe depuis le front syrien avec, en poche, un billet pour Prague. Après son arrestation, le suspect est immédiatement extradé vers la France où un juge le met en examen pour association de malfaiteurs criminelle en relation avec une entreprise terroriste. Que vient-il faire en Europe ? Inaugure-t-il le nouveau stratagème de Daech pour pénétrer dans l’espace Schengen ? Devant le magistrat, Tyler Vilus ne dit mot.
En prison, le djihadiste conserve ses secrets. Il n’a rien d’une petite main du djihad armé. Sous le nom d’Abou Hafsa, il évolue en effet dans l’environnement des recruteurs francophones de l’organisation terroriste, notamment de Chaquir Maaroufi, l’un des propagandistes les plus actifs de Daech, originaire des Pyrénées-Atlantiques. Or Maaroufi, tué en 2014 dans une attaque, était un proche d’Abdelhamid Abaaoud, le djihadiste belge connu pour être le coordonnateur des attentats de Paris.
Au lendemain des attaques, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, cherche à défendre l’action de ses services. Le 19 novembre, il liste les dossiers dans lesquels Abaaoud apparaît. Et fait une allusion transparente à l’affaire Tyler, évoquant l’interpellation d’un djihadiste français au mois de juillet à Istanbul « alors qu’il s’apprêtait à embarquer pour Prague […] chargé de commettre un acte terroriste ».