Après avoir dit son amour à la France suite aux attentats du 13 novembre, Magyd Cherfi du groupe Zebda lui demande pardon…
On va s’intégrer à fond, on va chanter la Marseillaise de tout notre cœur, on va brandir le drapeau, s’incliner devant la tombe du soldat inconnu, on vous promet d’aimer Cloclo et Enrico Macias …
Madame, on vous promet de plus vous embêter. Pardon de vous exaspérer, de vivre qu’entre nous, de brouiller votre identité, oh pardon de pas être chrétien. On sera français pour de vrai, promis on mourra pour la patrie. Madame, restez vous-même, éternelle ! Pardon de désosser votre socle millénaire, pardon pour l’Empire qu’on a déboîté, pardon pour le désordre à chaque coin de rue, pardon d’aimer nos mères qui ne seront ni Jeanne, ni Marianne, pardon d’avoir aidé nos pères à pleurer tous ces morts qu’étaient vos ennemis, pardon d’appartenir à deux camps. On mangera des crêpes à mardi gras, du chocolat à Pâques et Jésus sera planté devant le sapin.
Pardon d’avoir deux langues qui ne se parlent pas, pour la couleur de notre peau, d’être colérique et bougon, pour la prière étalée dans les rues, pour la schizophrénie qui est la nôtre. Pardon de pas être guéri. Pardon de pas avoir trouvé la voie, de pas avoir été bon, de pas avoir décroché toutes les distinctions. […]
Pardon pour les allocs et pour les subventions. Pardon d’être coupables de vous rendre coupables, pardon d’avoir été souvent de gauche, pardon pour le bruit, pardon pour l’odeur, et enfin nos excuses les plus plates.