28/01/2016
Comme le veut le protocole d’entrée à l’académie fançaise, Alain Finkielkraut a dû rendre tout d’abord hommage à son prédécesseur, Félicien Marceau, écrivain au passé collaborationniste. Exercice périlleux pour ce fils de déporté à Auschwitz.
Ensuite, il a déclaré son amour à la France. “J’ai découvert que j’aimais la France le jour où j’ai découvert qu”elle aussi était mortelle, et que son après n’avait rien d’attrayant” a déclaré l’intellectuel.
28/01/2016
Reçu ce jeudi sous la Coupole, le philosophe a prononcé un éloge très attendu de son prédécesseur Félicien Marceau, souvent décrit comme antisémite.
(…) Arrivé au terme de ce périple, j’ai les mots qu’il faut pour dire exactement ce qui me gêne et même me scandalise dans la mémoire dont Félicien Marceau fait aujourd’hui les frais. Cette mémoire n’est pas celle dont je me sens dépositaire.
C’est la mémoire devenue doxa, c’est la mémoire moutonnière, c’est la mémoire dogmatique et automatique des poses avantageuses, c’est la mémoire de l’estrade, c’est la mémoire revue, corrigée et recrachée par le Système. Ses adeptes si nombreux et si bruyants ne méditent pas la catastrophe, ils récitent leur catéchisme. Ils s’indignent de ce dont on s’indigne, ils se souviennent comme on se souvient.
La morale de toute cette affaire, ce n’est certes pas que le temps est venu de tourner la page et d’enterrer le devoir de mémoire, mais qu’il faut impérativement sortir celui-ci de « l’œuf » où il a pris ses quartiers pour lui rendre sa dignité et sa vérité perdues.