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01/02/2016

Samuel Laurent, journaliste au Monde et responsable des “Décodeurs” revient sur l’enquête Ipsos réalisée pour la Fondation du judaïsme français et le trouve “bourré de clichés..

« Vous-même, au cours de l’année, avez-vous personnellement rencontré des problèmes (insultes, agressions…) avec une ou plusieurs personnes issues des groupes suivants ? » Suit une liste : « personnes d’origine maghrébine, Roms, personnes de confession musulmane, d’origine africaine, de confession catholique »…

Publiée dans le Journal du Dimanche le 31 janvier, cette question issue de l’enquête Ipsos pour la Fondation du judaïsme français a aussitôt provoqué l’ire de nombreux internautes et personnalités politiques. Car au-delà de ce point précis, l’ensemble de la méthodologie de cette vaste enquête est discutable.

Formuler une question de manière biaisée pour orienter les réponses est un écueil classique des sondages. Mais il est cette fois d’autant plus grossier qu’il s’agit justement d’un sondage destiné à démontrer (et à dénoncer) les clichés que les Français ont sur les religions ou les origines de leurs concitoyens.

1. D’où vient ce sondage ?. […]

2. Une méthodologie étrange

Au-delà de la fameuse question polémique, la méthodologie entière de l’enquête est plutôt inusitée : trois échantillons différents ont été interrogés. […]

3. Des échantillonnages faibles

Une des parties de l’enquête porte sur les sous-échantillons de personnes de confession juive et musulmane. Ipsos compare les réponses de l’ensemble du panel à celles de ces sous-échantillons de taille très modeste (300 personnes « se définissant comme » juives, 500 comme musulmanes). […]

4. Une question particulièrement douteuse

La question qui a suscité la polémique porte sur les « problèmes personnellement rencontrés » avec plusieurs communautés. Elle s’adresse à l’ensemble de l’échantillon représentatif.

En lisant tout le sondage, on comprend que cette question est posée dans le but de comprendre les clichés et représentations présentes dans la population. Mais sa formulation est pour le moins abrupte :

Elle évoque la notion très floue de « problèmes », en précisant « comportements agressifs, insultes, agression, etc. ». Le spectre est donc vaste. […]

Le Monde


31/01/2016

La Fondation du judaïsme français a commandé à l’Ipsos une grande enquête sur le “vivre ensemble”, réalisée sur 18 mois à partir de juillet 2014. Le JDD publie les principaux résultats de ce sondage sur la façon dont se perçoivent et sont perçues les communautés juives et musulmanes en France. Les résultats révèlent une France de la méfiance.

C’est une enquête hors norme. Par sa nature et son ampleur. Pendant 18 mois, les entretiens ayant été réalisés entre juillet 2014 et juin 2015 – soit avant et après les attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher -, Ipsos a sondé les Français sur le “vivre ensemble” en n’éludant aucun sujet : religion, racisme, antisémitisme, terrorisme…

Un tiers des Français “considère qu’une situation raciste peut se justifier”.

Ariel Goldmann, président de la Fondation du judaïsme français, assure dans le JDD “avoir hésité” à rendre public cette enquête et dit avoir attendu la fin de la campagne électorale. Et d’expliquer : “Cette étude n’est ni accusatrice, ni généraliste. Elle est une mesure des maux qui nous rongent en tant que Français.

Particularité supplémentaire de cette étude : elle donne la parole aux juifs et aux musulmans, même si la France refuse de découper sa population en catégories ethnico-religieuses. Pour Brice Teinturier d’Ipsos, “la meilleure façon de procéder” pour obtenir l’échantillon “le moins biaisé” était “de partir de la définition par l’interviewé lui-même, quels que soient les critères qu’il mobilise pour cela : religieux, culturels, familiaux…”

Un juif sur dix dit avoir été personnellement victime d’une agression physique. Quant aux musulmans, 41% d’entre eux disent avoir essuyé personnellement des remarques ou des insultes…

Le JDD

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