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Le sociologue Michel Wieviorka et l’historien Pap Ndiaye, spécialiste des minorités en France et aux Etats-Unis, ont répondu séparément aux questions du “Monde” sur la déchéance de nationalité.

Pap Ndiaye :Et demain ? Que ferait le FN d’un tel arsenal judiciaire s’il parvenait au pouvoir ?

Michel Wieviorka : Ce débat a envoyé un message contradictoire. Quand on rappelle à une partie de la population qu’elle n’est pas exactement comme les autres, on ne peut pas, en plus, lui tenir le discours de l’intégration républicaine.Le On ne peut pas dire « intégrez-vous, soyez citoyens, et si vous n’êtes pas de bons citoyens, alors sachez que vous serez traités différemment des autres citoyens ». Dans ce contexte, je comprends le malaise au sein de certaines populations et je le partage.

Michel Wieviorka : Mais je crois aussi que ces thèmes traduisent autre chose de notre société : ils s’inscrivent dans un contexte de droitisation de la vie politique, de crise économique, dans un contexte Leoù les appels à une nation forte et homogène ont une certaine puissance.Le

Pap Ndiaye : Des gens qui ne se seraient jamais posé la question auparavant commencent à s’inquiéter du fait qu’il existe des binationaux et réclament la suppression de la binationalité. Ce discours, initialement confiné à l’extrême droite, se diffuse dans la société, y compris à gauche. Bien entendu, il vise surtout celles et ceux qui font déjà l’expérience de n’être pas tout à fait considérés comme français, celles et ceux qui n’ont pas « la bonne tête ». Mais comme cela ne concerne qu’une petite partie de la population, la majorité reste attentiste. […]

Quand on parle de binationaux dans ce débat, on ne fait pas allusion aux Franco-Américains ou aux Franco-Britanniques : on parle implicitement de nos concitoyens issus des migrations post-coloniales. […]

Le Monde

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