Analyse sur les mouvements antimigrants à Calais par Caroline Monnot et Maryline Baumard, journalistes au Monde. Une analyse centrée sur la peur de “l’extrême droite” mais n’évoque pas la situation des Calaisiens.
A Calais, on vient parader, car c’est devenu une scène hautement politique. […]
Le général Piquemal avait dès le 4 février annoncé sa venue, entendant ainsi protester contre l’interdiction «arbitraire et abusive» de la manifestation de samedi. Il appelait au passage « tous les patriotes et associations patriotiques» à l’y rejoindre. […]
A plusieurs reprises, par le passé, il n’en a pas moins dit sa préoccupation pour «une France qui perd son âme et son identité». «On recule devant tout, nous sommes dans un état de repentance permanente. La fierté disparaît au profit de la génuflexion» estimait-il, toujours en 2010. […]
Martin, père de deux enfants, s’est inscrit à la page « Calais Infos Calais ». « Ça me va parce que je ne suis pas raciste. Mais pour ne pas changer, je ne vais plus à l’hôpital à Calais, plus à la piscine et je ne viens plus dans le magasin où les migrants font leurs courses. J’ai changé ma vie pour ne pas devenir raciste », conclut l’électricien.
Ces derniers temps, la colère a monté, laissant place aux thèses anti-immigration du Front national. Comme un cri de désespoir de la troisième région la plus pauvre de France où une personne sur cinq vit au-dessous du seuil de pauvreté. Dans les rues ou les cafés, le Calaisien se définit d’emblée par rapport aux marqueurs de l’extrême droite. Partout dans la ville, les grands thèmes du FN semblent devenus l’unité de mesure du positionnement de chacun. […]
Peu désireux d’être assimilé à Pegida ou à d’autres mouvements radicaux, le parti d’extrême droite est resté à l’écart des manifestations contre les migrants : « Il y a un parti anti-immigration, c’est le Front. Plutôt que manifester, il faut voter », indique Florian Philippot, vice-président du FN, lequel apporte cependant son soutien au général Piquemal.